Il est des mauvais films, et il y a ces œuvres si constamment et abyssalement mauvaises qu’elles défient les lois de la critique et deviennent indispensables. C’est le cas de The Room, un film de 2003 si formidablement nul qu’il en est drôle de bout en bout. Projet d’orgueil du mystérieux, voire douteux, Tommy Wiseau, à la fois scénariste, producteur, réalisateur, acteur principal et unique financeur, The Room est un film fascinant, dont l’incohérence, l’ineptie des dialogues et des situations lui confèrent une place de choix au panthéon des meilleurs/pires du monde. Greg Sestero, second rôle du film, a tiré de son expérience sur le tournage ainsi que son improbable (mais sincère) amitié avec Wiseau, un livre édifiant, co-écrit par le journaliste Tom Bissel : The Disaster Artist. C’est une plongée passionnante dans la fabrication d’un mauvais film, plein d’anecdotes sur les scènes les cultes, et d’infos sur les galères de faire un film avec ses propres moyens. D’ailleurs, ce livre finalement rempli de tendresse pour ses protagonistes est désormais adapté à son tour au cinéma, par et avec James Franco dans le rôle de Wiseau et qui a déjà valu à l’acteur un Golden Globe pour son interprétation… dans la catégorie comédie.