« Et vous Bruce Wayne, pourquoi êtes-vous déguisé en Batman ? » cette réplique hilarante du méchant Max Shreck (Christopher Walken) lève le voile sur le secret le moins bien gardé de l’Histoire du cinéma. Alors que Robert Pattinson endosse sur grand écran le costume du chevalier noir, retour en cinq étapes sur un milliardaire héritier bien plus rock que Bernard Arnault.
Bruce Pop
Dans la série culte de 1966 et le film de la même année, Adam West nous livre un Bruce Wayne résolument ancré dans son époque. Costumes kitsch à souhait, onomatopées visibles à l’écran, et swings endiablés sur le dancefloor, pour le milliardaire excentrique flanqué de son fidèle pupille Robin, l’heure est encore au second degré.
Lonely Bruce
Mais quand Tim Burton s’empare de la franchise en 1989, la bamboche, c’est fini ! Il nous livre un Bruce solitaire, porté par un Michael Keaton tout en sobriété, reclus dans son manoir, traumatisé par le meurtre de ses parents. Un revirement qui s’accélère avec le très sombre Batman : Le Défi (1992) qui flirte avec l’expressionnisme allemand, pour la plus grande frayeur des partenaires commerciaux du film.
Golden Bruce
À la grisaille burtonienne, Joel Schumacher oppose un univers bariolé et fantaisiste. Sous les traits de Val Kilmer dans Batman Forever (1995) puis de George Clooney dans Batman & Robin (1997), Bruce assume d’avantage son rôle de personnage médiatique, un playboy philanthrope et ambitieux façon Richard Branson. Avec ce grand écart artistique et cartoonesque, la franchise regagne en légèreté, mais perd les faveurs de la critique…
Bruce 2.0
Avec sa trilogie du Dark Knight (de 2005 à 2012), Christopher Nolan relève un nouveau défi : ancrer Bruce Wayne dans la réalité. Sous les traits de Christian Bale, le personnage traverse ses rites initiatiques, devient Batman, rencontre sa Némésis, perd tout, se reconstruit et finalement triomphe de l’épreuve ultime : s’émanciper de son alter-ego pour enfin devenir lui même. Un tour de force !
Bruce tout puissant
C’est ensuite à Zack Snyder et à l’acteur Ben Affleck que revient la lourde tâche de poursuivre l’odyssée de Bruce avec l’ambitieux Batman v Superman (2016) puis avec son director’s cut de Justice League (2021). On y trouve un Wayne sombre et violent, entièrement dédié à son rôle de protecteur, parfois jusqu’au fanatisme. Une version quasi fascisante du personnage qui rencontre par certains aspects la version qu’en donne l’auteur Frank Miller. Malgré la bonne volonté du duo, cette version de Bruce ne fera pas l’unanimité. Elle s’offrira toutefois un baroud d’honneur en 2022 avec The Flash qui réintroduira par la même occasion Michael Keaton dans le rôle du justicier masqué (les joies du « multivers ») parallèlement à la nouvelle et prometteuse saga The Batman incarnée par Robert Pattinson. On ne se débarrasse pas de Bruce si facilement…
AXEL KRIEF
en salle depuis le 02 mars