Les professeurs de littérature fumant la pipe aiment raconter l’aversion de Sir Arthur Conan Doyle pour son personnage Sherlock Holmes. Cependant, les éditeurs restaient fermes, entre les ambitions littéraires de Doyle et le public qui réclamait toujours plus de Sherlock, le choix était vite fait. Si George Romero n’avait pas d’animosité pour ses œuvres, l’Histoire lui réserverait le même verdict : il resterait ce beatnik sympathique qui faisait des films de zombies, point. C’est bien dommage, car la malice et l’inventivité de George avaient plus à offrir. En témoignent des pépites telles que Season of the witch (1972), Incidents de parcours (1988) ou encore The Amusement Park. Exhumée en 2018, cette œuvre rescapée surprend par son parcours. Tournée en 1973 pour une communauté luthérienne, le film devait avertir sur la vulnérabilité des personnes âgées. On y suit les mésaventures d’un vieil homme dans une fête foraine cauchemardesque, où il se fera torturer, dans l’indifférence générale. Choqués par le film, et énervés par le refus de Romero d’y intégrer de la propagande religieuse, ses commanditaires le mirent sous clé … jusqu’à aujourd’hui ! Alors soyez curieux, posez cette édition blu-ray de Zombie, et prenez le chemin des salles obscures (elles en ont bien besoin). Vous pourrez alors (re)découvrir la générosité d’un homme qui faisait du cinéma avec des tripes, les siennes.
AXEL KRIEF
Le Cinématographe (Nantes – 44), mercredi 2 juin (16h30) et mardi 8 juin (19h30).
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