En 1993, Steven Spielberg confirmait son titre d’« entertainer » avec Jurassic Park. Depuis 2015, la franchise se renouvelle, oscillant entre qualités techniques et relative tiédeur. En juin, Colin Trevorrow nous livrera le 6ème opus de la saga avec la promesse de réunir la majeure partie du casting originel, dont Sam Neill aka le Professeur Alan Grant. Sam Neill dont la biographie pourrait se résumer à « tu sais c’est ce gars là qui joue dans… ».
Sam angoisse
Fort de son regard inquiétant, le Néo- Zélandais n’a aucun souci à se glisser dans la peau du bad guy, et il le prouve. Dès 1981, l’acteur interprète la version adulte de Damien Thorn, ou l’antéchrist, dans La Malédiction Finale. On le trouve aussi à son aise en mari jaloux tortionnaire dans La Leçon de Piano (1993). L’année suivante, John Carpenter lui confie le rôle d’un assureur ambigu dans L’Antre de la Folie. Plus récemment, en 2013, il campe un flic obsessionnel dans la série Peaky Blinders.
Sam émeut
Mais Sam (Nigel de son vrai prénom qu’il trouvait « ringard »), est tout aussi bon en héros au grand cœur, et si son image reste liée à celle du Pr Grant, ce n’est pas un cas isolé. En 1989, il secoure Nicole Kidman dans le thriller hitchcockien Calme Blanc face à un Billy Zane psychopathe. Un an plus tard, on le retrouve en officier loyal aux côtés de Sean Connery dans À la Poursuite d’Octobre Rouge. En 1998, Robert Redford lui offre un rôle touchant en mari jaloux (encore), mais cette fois bienveillant dans L’Homme qui Murmurait à l’Oreille des Chevaux.
Sam étonne
Le trait le plus marquant dans le parcours du septuagénaire, c’est sa capacité à sortir des sentiers battus. Qui peut se vanter de tourner pour François Ozon (Angel, 2007) puis s’offrir un caméo dans le « Marvel Cinematic Universe » (Thor : Ragnarok, 2017) ? Qui peut se vanter d’avoir joué dans un bon film de Paul « Resident Evil » W.S. Anderson (ça existe, ça s’appelle Event Horizon, c’est tout à fait regardable) ? Bien peu de gens assurément.
Sam épate
En définitive, Sam appartient à une caste particulière du cinéma, celle des seconds couteaux magnifiques, tels Ron Perlman ou Steve Buscemi. Des acteurs doués, à la filmographie prestigieuse, mais dont personne ne retient le nom. Si on ne doute pas que son talent perdurera dans la mémoire des cinéphiles, celle du grand public se réserve à de rares élus. On le salue comme un clin d’œil, assis derrière l’écran, chaque fois qu’au détour d’une scène on se dit « Mais oui ! C’est ce gars qui joue dans… ».
AXEL KRIEF
Jurassic World : Le Monde d’après, sortie le 8 juin 2022