Si les groupes s’étant cassés les dents en tentant d’émuler le sens de la formule de Bashung et l’onirisme de Dominique A se comptent par centaine, Radio Elvis fait partie des rares qui ont la mâchoire intacte. Ce trio Poitevin dépeint de biens trop beaux paysages pour ne pas avoir de plaisir coupables. Inventaire de la honte avec Manu, bassiste de la formation.
« Je peux te chanter Je t’aimais, Je t’aime et je t’aimerais en entier avec l’accent de Francis Cabrel. Ou du Jean-Jacques Goldman, bref tout ce Top 50 des années 80 à base de Toi toi, mon toit, mais c’est plus du plaisir que de la culpabilité ! Je suis très fan de vidéos Youtube sur des inventions inutiles, notamment les machines qui produisent de l’énergie pour seulement s’auto-alimenter comme un engrenage infini. C’est fascinant, je peux regarder ça en boucle pendant des heures. Contrairement à d’autres groupes de la « nouvelle vague francophone » (Bagarre, La Femme), nous sommes des jeunes trentenaires, donc on n’est pas forcément à fond dans tout ce qui est moderne avec des synthés partout et des guitares bourrées d’effets. On puise autre part, dans des sonorités plus old school comme Nick Drake, sans se poser la question de savoir si ces sons sont d’actualité ou non. D’ailleurs, aujourd’hui, peu assument l’influence qu’a eue Fauve sur le retour du chant français à la radio et le fait qu’ils aient décomplexé beaucoup d’artistes. Personnellement, j’aime aussi le métal qui tache comme Meshuggah. Comme beaucoup de musiciens de ma génération, j’ai aussi (mal) joué dans des groupes pas terribles de ska-punk, mais j’appelle ça « mes années de formation » (rires) ».