Champion du post-punk hexagonal, Frustration pratique une musique aussi dansante que martiale. Avec Empire of Shame (2016), le quintet parisien enfonce le clou et s’impose en concert comme LA perle de la scène rock française. Un groupe aussi intransigeant ne pouvait que passer au crible de la rubrique Plaisir Coupable.
« Un plaisir est coupable s’il est transgressif ou rentre en conflit avec tes valeurs. On peut aimer Ken Loach et L’Inspecteur Harry. Dans le camion, nous pouvons écouter du Turbonegro comme les premiers ZZ Top. On adore danser et si Le Petit Bonhomme en Mousse de Patrick Sébastien passe dans une station service, nous sommes les cinq idiots qui se trémoussent ! Personnellement, je suis fan d’Erik Satie que j’écoute même dans ma baignoire ! J’ai d’ailleurs un tatouage de son autoportrait. J’aime son mélange de sobriété, de mélancolie et de dissonance, au même titre que les films de Jacques Tati qui peuvent me faire pleurer. Nous sommes aussi à fond dans le Kustom (mouvement culturel américain qui rassemble customisation de voitures anciennes, rockabilly, les 50’s…), c’est un délire de gamins de banlieue peignant des flammes sur leur mobylettes parce qu’ils ont vu American Graffiti ou Happy Days. Cela n’a rien de viril, ce n’est pas du tuning, on se fiche de la la vitesse, c’est un art pour nous et un exutoire pour moi, notamment lors de moments sombres de ma vie. Contrairement à la musique, j’y pense toute la journée ! J’ai parfois un flash de culpabilité car on dénonce souvent l’ultra-capitalisme américain et son mode de vie dans nos chansons, mais c’est exotique et on ne se prend pas toujours au sérieux. »
Interview réalisée par PIERRE-FRANÇOIS CAILLAUD