Relecture italienne du roman de Jack London sorti l’an dernier, Martin Eden de Pietro Marcello est une adaptation audacieuse de ce récit universel et atemporel. Situé à Naples, le film de 2019 s’avère volontairement flou sur sa temporalité, évoquant finalement le XXe siècle en général. La trame est la même : le récit initiatique d’un jeune prolétaire qui, amoureux d’une étudiante en littérature de la haute-bourgeoisie, cherche à échapper à sa condition en devenant écrivain. Ce dernier, superbement incarné par Luca Marinelli, se rêve en transfuge de classe, mais essaye surtout de survivre, refusant de s’engager dans le socialisme tout en baignant dedans avant de connaître une gloire destructrice. Porté par une très belle photographie, le film alterne aussi à travers son montage les fausses images d’archives qui témoignent des tragédies du siècle passé, mais qui illustrent aussi les rêveries poétiques de Martin Eden que personne ne veut acheter, imbriquant ainsi la petite histoire dans la grande. Une actualisation stylisée mais tout aussi romanesque de ce réquisitoire contre l’individualisme.
NICOLAS BAUDRILLER
Le Cinématographe (Nantes – 44) le 7 août à 21h, le 18 août à 20h45 et le 20 août à 18h
Toute la programmation du Cinématographe.