Réédition très bienvenue d’un livre culte d’entretien avec le journaliste Rui Nogueira, indisponible depuis 20 ans, Le Cinéma selon Jean-Pierre Melville est une vraie mine d’or sur le travail et les obsessions du grand cinéaste. Film par film, Melville revient sur sa carrière, ses choix et ses rencontres professionnelles avec beaucoup d’honnêteté, mais aussi d’une certaine malice. Personnalité fascinante, celui qui s’est toujours tenu un peu à la marge du gotha du cinéma a pourtant su tracer sa voie et façonner une œuvre à nulle autre pareil en inspirant toute une génération de jeunes cinéastes, de la Nouvelle Vague à Tarantino, grâce à des chefs-d’œuvre comme Le Samouraï, Le Cercle Rouge, Le Doulos… Ce qui frappe également à la lecture de ces entretiens, c’est la lucidité du réalisateur sur son œuvre et ses méthodes de travail, ainsi que le récit des ses ingénieuses mises en scène est un véritable régal pour tout cinéphile. Lucide donc, il n’hésite pas à se reconnaître volontiers imbuvable sur les plateaux, mais assume ce qui, à l’instar d’un Orson Welles, est « dans sa nature ». Si on regrette que le livre ne continue pas plus longuement à explorer une carrière foisonnante, on ne le doit hélas qu’au décès prématuré à seulement 55 ans, d’un metteur en scène qui, en seulement 13 long-métrage, est entré dans la légende du 7ème Art. Chaudement recommandé aux cinéphiles purs et durs ou même occasionnels.
Le Cinéma selon Jean-Pierre Melville, entretien avec Rui Nogueira, édité par Capricci, 22 €, disponible