Le Voyage à Nantes aura bien lieu ! Si cette édition 2020 s’avère modifiée et décalée (du 8 août au 27 septembre), la typologie même du VAN, c’est à dire un parcours d’art en plein air (et dans quelques musées), permettra aux visiteurs estivaux de consommer leur dose de culture malgré l’annulation des festivals.
Si l’on pouvait s’inquiéter de la faisabilité de proposer une édition cohérente avec les difficultés liées au Covid-19 (retard d’installations d’œuvres, normes sanitaires, incertitudes…), on ne peut que constater que l’équipe de Jean Blaise s’en est plutôt bien tirée puisque seulement une poignée d’œuvres sera décalée sur 2021. C’est un Voyage à Nantes presque « normal » qui sera proposé aux Nantais (mais pas que) jusqu’à fin septembre.
Les œuvres à retenir
L’œuvre qui retiendra l’attention cette année est assurément Rideau de Stéphane Thidet (voir photo en haut de l’article). L’artiste avait déjà surpris les Nantais en 2009 en lâchant une meute de loup dans les douves du château. Cette fois, le Parisien inspiré par les éléments naturels, recouvrira la façade du Théâtre Graslin d’une gigantesque chute d’eau, telle une cascade urbaine à traverser pour découvrir un mystère.
La fontaine de la Place Graslin (qui devait accueillir une autre œuvre monumentale, décalée à l’édition 2021), sera elle squattée par une autre fontaine, créée par Elsa Sahal. Hommage aux figures de la féminité, la fontaine en grès émaillé rose de 3 mètre constituera le pendant féminin du Manneken-Pis bruxellois.
Le duo Martine Feipel & Jean Beichameil proposeront quant à eux l’exposition Automatic Revolution à la Hab Galerie, mélangeant avant-gardisme et pamphlet sur la robotique, mais également une œuvre pérenne en béton et céramique, inspirée par le Brutalisme sur l’Île de Nantes. Équipé de fours à bois, Les Brutalistes aura aussi pour objectif de faire vivre la convivialité sur cette nouvelle place Clémence-Lefeuvre.
Vincent Olinet s’emparera lui de trois lieux qu’il transformera à sa sauce, c’est-à-dire un mélange de baroque bariolé et grossier tel un conte de fée sur lequel le temps aurait mal fait son œuvre. Ainsi, il troublera le hall et le bar de l’Hôtel de France. Ce Lyonnais d’origine réinventera ensuite le baroque nantais au Temple du Goût. Enfin, il installera un lit à baldaquin sur le bassin Saint-Félix.
Mais encore ?
Chouroux Hriech partagera sa vision de Nantes sur deux tramways, pendant que le Nantais Evor (créateur de La Jungle Intérieure à Bouffay, plantera un majestueux metasequoia sur le boulevard de la Prairie-au-Duc. Lilian Bourgeat habillera le potager de la Cantine (qui devrait d’ailleurs ouvrir le 2 juin) de gigantesque bottes, tandis que Nathalie Talec interprètera à sa façon le numérique sur le Quartier de la Création. Un court-métrage animé faisant la promotion de Nantes dans le regard de Mrzyk&Moriceau (à qui ont doit le Lunar Tree de la Butte Sainte-Anne) sese dévoilera dans… un lieu encore à définir (avant d’orner la gare de Nantes).
Bien entendu, les œuvres pérennes des précédentes éditions du Voyage et d’Estuaire seront aussi à redécouvrir : Les anneaux de Buren, l’Éloge du Pas de Côté, Le Belvédère de l’Hermitage…).
Hors Nantes
L’île Forget, le joli petit coin de balade en bords de Loire de la ville de Saint-Sébastien-sur-Loire verra une ancienne écurie transformée en « station nuage » par YokYok. Le toit nuage ne sera peut-être pas terminé à temps, mais que cela ne vous empêche pas de tester la buvette ! L’année dernière, le Voyage était également passé par le Vignoble de Nantes, ce parcours s’avérera renforcé par un impressionnant belvédère surplombant Pont-Cafino à Château-Thébaud, même si ce dernier ne sera probablement pas finalisé avant le mois d’octobre.
Dans les musées
Les musées ayant eu la possibilités de rouvrir plus facilement que les autres lieux culturels, plusieurs expositions sont déjà intégrées au VAN 2020. Le Château des Ducs de Bretagne proposera donc une exposition très locale puis-qu’autour de l’histoire de l’entreprise LU. De son côté, Le Musée d’Arts prolongera Archipel alors jusqu’à impossible à visiter depuis le début du confinement. Cette exposition affichera l’incroyable collection du fonds de dotation Jean-Jacques Lebel dans le patio du musée (avec des œuvre de Marcel Duchamp, André Breton, Picabia ou… Yoko Ono). Le Lieu Unique décalera également son exposition printanière avec Humanité Végétale de Mario Del Curto dont vous découvrirez les photographies aussi sauvages qu’urbaines. Enfin, le Muséum d’Histoire Naturelle s’intéressera à Neandertal, notre lointain cousin qu’on ne connaît pas si bien.