Le festival de musiques extrêmes de Clisson a annoncé hier la programmation de sa 15ème édition, une année avec des têtes d’affiches très “nu-metal” (ou assimilées) : Deftones, Faith No More, Incubus, Korn et surtout le premier passage attendu de System Of A Down !
Les perdants
Au vu des réactions à l’annonce de la programmation, les amateurs de thrash metal sont clairement les grands perdants de cette édition. Les amateurs de hard rock et heavy squattant régulièrement la mainstage sont aussi en reste. Exceptés les (souvent ennuyeux sur scène) Deep Purple, Judas Priest et leurs tubes et le guitariste-star Michael Schenker, la génération des papys métalleux devrait passer son tour. Le temps passe, la canicule tout ça… Quant à ceux qui espéraient l’arrivée de Rage Against the Machine après des semaines de rumeurs insistantes, c’est la déception. Attention cependant, deux groupes restent encore à annoncer sur les Mainstages. Le premier semble être Mastodon. Le second ? Mystère et boule de goth.
Les gagnants
And the winner is ? La génération Y ! Beaucoup de groupes des années 90 et 2000 (Deftones, Korn, Incubus…), dernières époques des groupes stars du métal, des ventes d’albums par millions, des clips en boucle sur MTV et des shows dantesques. Les amateurs de punk et de hardcore seront aussi bien servis sur la Warzone avec les mélodies imparables de Social Distortion et la brutalité de Walls of Jericho notamment.
La Mainstage 1
Premier passage à Clisson pour System of a Down et ses tubes imparables. Un groupe attendu depuis longtemps au Hellfest. Attention cependant les concerts des Arméno-américains sont inégaux. Du même calibre et avec des concerts également “au petit bonheur la chance” Deftones sera présent pour la troisième fois. Souvent catalogués “néo métal” (un genre qu’ils ont participé à créer, mais dont ils se sont rapidement affranchis), les Californiens jouissent d’une riche carrière et ravient leurs fans en se réinventant régulièrement. Les vétérans 90’s de Faith No More nous avaient mis une jolie claque en 2015 en imposant une ambiance “HeavenFest” décalée, un niveau technique toujours impressionnant et un chanteur, Mike Patton, au charisme toujours aussi présent. A revoir donc ! Korn est également de retour, et il faut constater que cela ne fait plus beaucoup d’effets à grand monde. Pourtant leur premier passage (enfin, celui qui n’avait pas été annulé à la dernière minute et qui leur avait valu les railleries du public français) était un événement ! Leurs précédents concerts étaient pourtant excellents, il s’agit peut-être d’une preuve que le besoin de nouveauté se fait sentir chez les spectateurs. Pour le coup, la présence d’Incubus est, elle, une nouveauté. On avait un peu oublié leur pop-rock-metallique, mais leur concert (attention, le groupe n’est pas le plus énergique du genre) risque d’être un petit bonbon de nostalgie. Voir Leprous sur une Mainstage est une surprise ! Les Norvégiens constituent un OVNI metal-progressif jouant de sensibilité dont le succès progressif (comme leur musique donc) les propulsent vers la scène principale plutôt qu’une Valley qui semblait logique. A voir si le groupe arrive à maitriser une telle scène. Avec Maximum the Hormone et BabyMetal, c’est un peu de folie japonaise qui débarque en Loire-Atlantique. Les premiers cités avaient mis un vent de folie inattendu lors de leur passage en 2011 avec un mélange de punk et de néo-metal décalé et festif. Les seconds…sont un peu là pour la blague. Enfin Opeth, Infectious Grooves et Alter Bridge seront, chacun dans leur genre, des “premières parties” efficaces.
La Mainstage 2
Comme dit précédemment, nous étions habitués à voir plus de groupes des années 70 et 80 sur cette scène. Les survivants cette année seront Deep Purple et Judas Priest. Et au vu de l’énergie des groupes qui les accompagnent, il risque d’y avoir quelques fractures du col du fémur : Airbourne (donc AC/DC en jeune), Franck Carter & The Rattlesnakes (le showman du moment), Danko Jones (du rock mi blues-mi garage qui va vite), The Offspring (ok, c’est plus ce que c’était, mais quels tubes !). Phil Anselmo vient faire son petit coucou annuel avec Down cette année. L7 sera aussi de retour avec son grunge riot girls. Les Français (fermiers et fiers de l’être) de The Inspector Cluzo défendront leur rock-fusion aux accents funky. Pour le fun, il faudra se placer devant le “metal pirate” d’Alestorm et devant le groupe qui a relancé la mode du glam metal : The Darkness (rappelez-vous le tube I believe in a thing called love). Enfin les Danois de Volbeat seront les gars sûrs de cette M2 avec un heavy-metal très rock’n roll technique et accrocheur.
la scène Altar
Le chapiteau de la Altar a clairement des allure de mainstage, cette année : le génie Devin Townsend (qu’il faut voir rien que pour sa coupe de cheveux), les précurseurs du death Obituary, les cultissimes Brésiliens de Sepultura (“rooooots, bloody roooots“) et les Suédois aussi virtuoses avec leurs manches que Messi avec un ballon : Meshuggah. Rajoutons At the Gate, The Black Dahlia Murder, Periphery, Sacred Reich ou Misery Index et on pourra dire que les amateurs de groupes techniques et violents auront leur dose. Et encore la liste est bien plus longue !
La Temple
Les fans de black-metal sont ravis. Et il y a de quoi, avec Mayhem et Watain, deux des plus grands groupes de vilains méchants tout en noir. Et en prime, ils ont droit à Taake, Abbath et aux Grecs de Rotting Christ pour finir de bien digérer. Les ateliers maquillage dalmatien seront donc nombreux cette année au Hellfest. Le pagan, metal folk et autres musiques de kermesse diabolique seront aussi bien représentées avec Wardruna, Ensiferum, et Primordial. Et la France madame, la Fraaance ! Elle sera représentée par les Nantais de Regarde les Hommes Tomber, Pénitence Onirique, The Great Old Ones.et les merveilleux Alcest.
La Valley
L’année dernière, plusieurs membres de Grabuge avait pris une claque immense avec Envy (notre report de 2019). Les Japonais avaient “tué le game” comme dit mon papy. Et comme nous ne sommes pas les seuls à avoir eu cette sensation, le Hellfest a été sympa en les réinvitant cette année. Un concert d’Envy est toujours magique, impressionant d’émotion et d’intensité. Mais ce qui a créé la magie de l’année dernière était probablement la présence d’un paquet de néophytes du groupe. Nous doutons fortement que cela puisse avoir lieu deux années de suite. Heureusement, d’autre Japonais sont dans la course : Mono et son post-rock proposent une musique cinématique d’une intensité et d’une beauté rares, accompagnée sur cette date d’un quatuor à cordes. Prévoyez les mouchoirs. Dans ce même esprit un peu “post”, Pelican est une belle surprise, un peu plus metal que Mono, eux aussi jouent sur les ambiances instrumentales à rallonge. Pas mal de groupes plus proches du rock que du metal passeront d’ailleurs sous la Valley : Black Mountain, The Picturebooks, Lysistrata voir Witchcraft et Baroness.. La Valley accueil toujours un peu de stoner (John Garcia, Elder, OM, High on Fire, Greanleaf…) mais est aussi devenu un fourre-tout permettant de changer d’ambiance par rapport au reste du festival (Perturbator, Killing Joke,…). En gros, lecteurs de New Noise (et de Grabuge) bienvenus !
La Warzone
Chaque année, les amateurs de hardcore sont bien servis. Les racines “coreuses” du Hellfest (anciennement Nantes Hardcore Fest) sont encore bien présentes : Suicidal Tendencies (cette basse !), les respectés et 100% straight edge Youth of today, le punk hardcore de Slapshot, Agnostic Front ou encore Walls of Jericho avec sa frontwoman impressionnante, devraient provoquer quelques coups de poings vers le sol et de petits pas rigolos. En punk-rock : Social Distortion, The Toy Dolls, Anti Flag, Guerilla Poubelle ou Dog Eat Dog sont les exemples parfaits du grand écart que peut faire le genre. Et les français de Frustration que l’on attendait pas forcément là pointent aussi leur petit nez à Clisson. Bien entendu le concert hip-hop hardcore de Body Count (avec Ice-T, tu sais mamie, le mec de ta série télé !) va être un carnage pour les courageux coreux qui trouveront une place dans la War Zone !
Et voilà, notre sélection au milieu des 128 groupes programmés cette année ! La musique et les goûts sont tellement subjectifs, à vous de faire votre choix. En tout cas vous avez le notre. Et bon Hellfest à tous !