Contraint de s’exiler à Londres à partir des années 70 à cause de la censure stalinienne, le Polonais Jerzy Skolimowski signa de nombreux grands films durant cette période (Deep End) dont le trop vite oublié Cri du Sorcier. L’intrigue volontairement nébuleuse s’inspire du canevas de Théorème : sur la côte anglaise, un mystérieux voyageur initié à la magie noire (Alan Bates) s’immisce dans le vie d’un couple. Intrigué par ses pouvoirs, notamment son fameux cri, le mari compositeur (John Hurt) tente d’en percer les secrets. Porté par la partition aérienne du groupe Genesis, Le Cri du Sorcier constitue un objet particulièrement contemplatif et étrange. Ce n’est pas tant à travers son scénario non-linéaire que le film suscite la malaise et l’angoisse, mais par son travail expérimental sur l’image et son. En quelque sorte, l’équivalence cinématographique de l’œuvre de Francis Bacon, préfigurant le cinéma de David Lynch.
NICOLAS BAUDRILLER
Le Cinématographe (Nantes – 44). Horaires détaillés