La France sauvée par les Yankees, les Rosbeefs et les Cocos ça méritait bien un jour férié. Tant de liesse permet d’occulter subtilement les massacres de Sétif. Et puis nous n’allions quand même pas travailler le jour de la reddition nazie, ce serait vulgaire. Quoi de plus patriotique qu’un Français heureux de « faire le pont ». Quoi de plus Français qu’un patriote bougon de « ne pas le faire ». Et si l’ironie calendaire fait tomber la commémoration un dimanche, on referait presque l’Histoire pour modifier la date. Car trois jours, c’est bien le minimum pour honorer nos vétérans et nos collabos (« pas vu, pas pris » comme dirait l’autre). Cette année, nous sommes gâtés, le 8 mai est un mardi, on va pouvoir klaxonner la Marseillaise dans les embouteillages sur l’A10, la main sur le cœur, en se félicitant de ne pas être blonds et gras comme des Grützwurst.
SANDRINE CHOUZENOUX