Après six ans d’hibernation, le Musée des Beaux-Art reprend vie ce mois-ci ! Si elle a perdu le « beaux » de sa dénomination pour se transformer en Musée d’Arts, cette institution locale prête à accueillir 250 000 spectateurs par an est pilotée par une nouvelles directrice : Sophie Lévy. L’occasion de parler « plaisirs coupables » avant de s’attaquer à la programmation du lieu dans le prochain numéro.
Avez-vous des plaisirs coupables lorsque vous n’êtes pas directrice de musée ?
Je fais peu la différence entre mon métier et mes loisirs… Le week-end, je vais voir les expositions des autres (rires). Ma drogue, c’est le chocolat, je ne peux me retenir de tout manger, donc je n’en achète jamais. Les périodes de Noël et de Pâques sont donc assez tragiques pour moi.
Y a-t-il des choses que l’on n’a pas le droit d’aimer dans le milieu de l’Art ?
Beaucoup moins que lorsque j’ai commencé ! À l’époque, même parler de plaisir était proscrit, il fallait dire « c’est intéressant ». Ceux qui travaillent aujourd’hui dans l’art sont nés après Andy Warhol, le premier à comprendre que la notion de plaisir coupable allait disparaître, que le populaire se mélangerait au chic, bien plus que Marcel Duchamp, d’ailleurs ! Cela s’est détendu, votre rubrique va bientôt disparaître (rires) !
Faites-vous la différence entre ce que vous aimez et ce que vous trouvez objectivement de qualité ?
Je suis très bon public au cinéma. Je peux rire en regardant une comédie et en sortir en me disant « c’était de la merde ». C’est comme ces livres que l’on a aimés sur le moment et que l’on oublie à peine fermés. Si l’on n’est pas hanté par une œuvre, ce n’est pas bon signe ! Un hit de musique est comme un coup de foudre, il séduit vite, mais la lassitude s’instaure rapidement, une œuvre doit avoir une vie autonome en nous. « La beauté est une flèche lente » comme disait Nietzsche
Qu’est-ce qui vous fait rire ?
Je préfère pleurer que rire ! Mes enfants se moquent de moi ! Dès que j’entends une chanson et que je dis « j’aime cette musique », ils me disent, « normal, c’est triste à mourir » (rires).
Assistez-vous à des concerts ou au théâtre ?
Ce que j’aime dans un musée, c’est que l’on peut partir (rires) ! Au théâtre, c’est plus compliqué. Je suis assise sur une chaise, on sait au bout de trois minutes si cela va nous plaire et si ce n’est pas le cas, c’est une torture ! Alors qu’un grand musée, c’est un peu comme Netflix, il y a une vaste offre d’œuvres qui nous font de l’œil et dans laquelle on peut picorer !
Vos conseils séries TV ?
The Fall, Mad Men et surtout In Treatment que je suis malheureusement seule à aimer…
Interview réalisée par Pierre-François Caillaud.