Michael Haneke est-il fan de Transformer 2 ? Nabilla cache-telle un Tolstoï dans son vuitton ? Chaque numéro, un artiste nous parle de ses plaisirs coupables ou assumés. Ce mois-ci, Joe Haege. Ceux qui ont vu 31knots en concert savent que le chanteur et multiinstrumentiste (leader du groupe aujourd’hui en hibernation) est un showman exceptionnel doublé d’un musicien inclassable. Initié comme une catharsis post-rupture, son duo White Wine vient de sortir Who Cares What The Laser Says, une deuxième cuvée pop aussi baroque que bouleversante.
« J’imagine qu’aujourd’hui les gens sont habitués au mode de vie « Netflix » en regardant des séries télé, un verre à la main avec leur partenaire. Étant célibataire, je n’apprécie plus vraiment ça, n’ayant pas quelqu’un avec qui partager mes remarques ou mes sarcasmes quant au scénario ou la réalisation.
Si j’ai un plaisir coupable, c’est bien d’être un imblairable pseudo-intello ! Pourquoi ? Parce que lorsque ton activité préférée est d’écouter un de tes compositeurs favoris (Shostakovich, Bartok, Chopin…) dans un bain chaud en lisant Dostoyevsky, t’es un cliché ! Autre chose qui devrait paraître un peu plus
normal (même si cela implique encore un bain chaud), j’aime plus que tout écouter la radio nationale américaine. Quand cette voix monocorde agresse mes oreilles à coup de catastrophes naturelles et de preuves tangibles de la corruption de quasiment tous les dirigeants, j’ai l’impression d’être le plus gros putain de chanceux de la Terre d’avoir le luxe de m’allonger dans de l’eau chaude et d’être en bonne santé. La pépite de mes plaisirs coupables ? Les vidéos d’animaux sur youtube… Ouaip, je l’avoue. Je les aime. Des chiens qui mangent la nourriture de leurs maîtres en cachette, des chats qui pètent un plomb devant un concombre, un canard assis sur la tête d’un ours, TOUT ! Pendant un court instant, j’ai l’impression que, malgré ce monde tordu, pourri et déglingué, les chose vont bien se passer. »
Interview réalisée par PIERRE-FRANÇOIS CAILLAUD