Après Technicolor Life, le duo nantais refait parler la poudre avec Lemon Twins, un deuxième album aussi rock’n’roll 70’s que dansant et fédérateur. Rencontre avec Warren, guitariste-chanteur de Ko Ko Mo.
Faire de la musique ta vie a-t-il toujours été une évidence ?
À cinq ans, mon père m’a fait découvrir James Brown. À partir de là, c’était plié, je savais que je ferais de la musique quoi qu’il arrive ! Puis toute la scène delta blues des années 20 m’a convaincu d’être guitariste-chanteur. Leurs enregistrements était primitifs et pourtant, ils provoquaient des émotions puissantes en moi. Pour les jeunes d’aujourd’hui, c’est de la préhistoire (rires) !
Pour quelqu’un de 24 ans, tu sembles effectivement en décalage avec les goûts de ta génération.
L’esthétique et la musique des années 70 m’ont évidemment marqué. Je porte des pantalons pattes d’éléphant, j’ai des favoris qui descendent jusqu’aux genoux, mais j’assume ce que je suis ! Aujourd’hui, on ne trouve des pantalons comme ça que dans les rayons pour femmes (rires) ! Kevin (NDLR : le batteur de Ko Ko Mo), lui, est un amoureux de musique électronique et cela nourrit notre musique. Nous nous serions ennuyés si nous avions les mêmes influences.
Vous vous êtes rencontrés en jouant avec le groupe Moongaï, plutôt orienté vers la musique électronique. Qu’est-ce qui vous a poussé à monter un duo rock’n’roll ?
On a flairé qu’il y avait quelque chose entre nous deux et qu’on avait envie de se lâcher ensemble. Ko Ko Mo est un side project qui est finalement devenu permanent. … au succès impressionnant.
En deux ans, vous êtes passés de 400 spectateurs à Stereolux à 1 200 pour la sortie de ce nouvel album.
C’est compliqué d’avoir du recul sur tout cela, car on a tout le temps la tête dans le guidon. Il faut croire que l’on est bien accompagnés par un label passionné (LMP Musique) qui donne tout, contrairement à une grosse maison de disque. On avance doucement, mais sûrement. Et surtout, on grandit ensemble.
Ce deuxième album est très énergique, porté sur les riff et absolument pas dans les canons actuels de la musique mainstream.
Nous avons rapidement compris que nous n’étions pas un groupe radiophonique. Si une chanson doit durer 6 minutes, ce n’est pas grave. On a composé le disque avec l’énergie du live sans tenir compte des réalités du marché qui envahissent bien trop la créativité des musiciens. J’ai l’impression qu’aujourd’hui, tout le monde crée un morceau pour cartonner au lieu de laisser une chanson se composer toute seule.
La formule du duo vous permet-elle de garder une certaine spontanéité ?
Les prises de décisions sont rapides, les conflits très rares et sur scène, on n’a même pas besoin de se parler ! On fait tout ensemble, on est tout le temps sur la route, on ne prend pas de vacances… Je dis souvent que c’est la deuxième femme de ma vie (rires).
Il y a deux ans, Kevin nous racontait en interview que vous dormiez toujours dans la même chambre d’hôtel, même lorsqu’on vous proposait des chambres séparées.
Oui, c’est vrai ! Je ne me vois pas dans la position du chanteur qui rentre seul dans sa chambre d’hôtel après avoir autant partagé durant le concert. Il nous faut plusieurs heures pour redescendre après avoir joué.
La transe que vous créez sur scène est-elle votre arme secrète ?
En concert, si tu triches, les gens s’en rendent rapidement compte. Pas besoin d’être un mélomane averti pour repérer un playback ou un intervention récitée à chaque concert au même moment. Il faut être intensément dans l’instant, sinon pourquoi monter sur scène ?
Tu es un jeune papa, la vie de famille est-elle facile à concilier avec la route, les concerts et ce succès naissant ?
J’aime cette stabilité qui tranche avec la musique. Il n’y a rien de mieux que de changer les couches de son enfant pour garder les pieds sur terre !
Votre album s’appelle Lemon Twins. J’ai compris la référence à votre relation très fraternelle, mais d’où vient le citron ?
C’est un clin d’œil humoristique aux Lemon Twigs, un duo rock new-yorkais. Et puis nous voulions une pochette jaune qui se voit dans les bacs de disques ! Pour la photos, on a juste acheté une moquette jaune chez Saint-Maclou, une piscine pour enfant et 150 kilos de citron. Qu’on a même réussi à revendre !
Interview réalisée par Pierre-François Caillaud
En concert (complet) le 6/04 à Stereolux (Nantes- 44) avec Vertical.