Il existerait deux catégories de réalisateurs : les auteurs, qui ont une ambition artistique,et les faiseurs, qui sont au mieux des artisans honnêtes, au pire des yes men à la solde des studios. Que dire alors d’un James Mangold ? À près de soixante ans, l’homme s’apprête à livrer un des films les plus attendus de l’année, Indiana Jones et le Cadran de la Destinée. Un choix qui fait sens quand on connaît le parcours de ce touche-à-tout discret et diablement efficace.
Copland (1997) : Gold is the new black
Quand il s’attaque au polar, Mangold ne fait pas les choses à moitié. Il écrit lui-même le scénario et s’entoure de Sylvester Stallone, Ray Liotta, Harvey Keitel et Robert De Niro, rien de moins ! Sly y est remarquable en flic dépressif et bedonnant qui cherche sa rédemption en s’opposant à la corruption de ses collègues. En 2003, il confirme l’essai avec le thriller horrifique Identity, un whodunnit macabre et inventif.
Walk the Line (2005) : Du Cash et du gold
Mangold s’essaie au biopic en retraçant le parcours du chanteur Johnny Cash, décédé deux ans plus tôt. L’intrigue se concentre sur la relation de Cash (Joaquin Phoenix) avec son grand amour, June Carter (Reese Witherspoon), qui le motive à combattre ses démons. Un succès public et critique, un Oscar de la meilleure actrice pour Reese Witherspoon et une pluie de Golden Globes. Mangold reste cependant méconnu.
Logan (2017) : Man of Gold
Alors que le rouleau compresseur Marvel poursuit sa lucrative épopée lancée en 2008 par Iron Man, Mangold se tourne lui aussi vers le film de super-héros. Après l’oublié Kate et Léopold (2001) et l’oubliable Wolverine : Le Combat de l’immortel (2013), il retrouve Hugh Jackman pour Logan. Loin de l’esprit léger alors en vogue, le film est sombre, brutal et mélancolique. Pari audacieux qui sera accueilli avec enthousiasme par un public qui commence à se lasser de la recette bien rodée de Disney.
Le Mans 66 (2019) : Du Gold sinon rien
Inspiré de faits réels, Le Mans 66 pourrait être qualifié de film historique, voire de film de sport, mais c’est surtout une belle aventure ! Mangold retrouve Christian Bale, qu’il avait dirigé dans 3h10 pour Yuma (2007). Le duo qu’il forme avec Matt Damon est attachant, les scènes de courses sont magnifiques et un souffle épique baigne le récit. Si le film n’est pas aussi rentable qu’espéré, la critique, elle, est conquise.
En près de 30 ans de carrière et seulement 12 longs métrages, Mangold aura réussi à balayer une vaste gamme de genres sans vraie fausse note. Du drame à la comédie romantique en passant par le western, il est à l’aise partout. Alors ne nous fourvoyons pas, si Steven Spielberg himself lui confie les clés de sa saga culte, ce n’est certainement pas par hasard. Une belle victoire pour tous les faiseurs qui rêvent de voir plus grand.
AXEL KRIEF
Indiana Jones et le Cadran de la Destinée, sortie le 28 juin