Au sein de la glorieuse lignée des grands films sur le Vietnam, Voyage au bout de l’enfer (1978) se singularise par son parti-pris. Loin des trips métaphysiques et grandiloquents d’Apocalypse Now ou Platoon, Michael Cimino (La Porte du paradis, L’Année du Dragon) a choisi de parler du conflit mais sans le montrer et en s’intéressant davantage à l’avant et à l’après. C’est un prisme social et résolument intimiste qu’a choisi le réalisateur pour aborder les destinées tragiques des membres de cette communauté ouvrière d’origine russe de Pennsylvanie. La distribution, quant à elle, est au diapason (Christopher Walken, Robert De Niro, Meryl Streep) et retranscrit bien la solidarité de cette communauté à travers le mariage inaugural et annonciateur du drame. Passons sur les quelques éléments invraisemblables (la roulette russe). Car c’est finalement la détresse du retour des vétérans et la déchirure que représenta cette guerre pour ce pays que le cinéaste veut montrer, dans un style viscontien, mais avec aussi une sensibilité bouleversante.
NICOLAS BAUDRILLER
UGC Atlantis (Saint-Herblain – 44)