Netflix est reconnue pour la qualité de ses séries (un peu moins pour les films) mais l’on oublie un peu trop que la plateforme américaine propose des documentaires originaux et captivants. Tickled, Losers, Gregory, Fyre et surtout La Terre à Plat (sur les platistes donc)… Tiger King (Au Royaume des Fauves pour la France) constitue un mélange de dinguerie, enquête et plongée sociétale. C’était tout simplement LA série du confinement et pas pour rien.
La série réalisée par Eric Goode et Rebecca Chaiklin suit Joe Exotic, Joseph Allen Maldonado-Passage de son vrai nom, un ancien propriétaire de zoo haut en couleur et collectionneur de grands félins. Coupe mulet, tatouages et look de redneck, cet amoureux des fauves est aussi chanteur de country, amateur d’armes à feu et youtubeur. En clair, Joe semble tout droit sorti d’une comédie de Will Ferrell et purge une peine de 22 ans de prison pour tentative d’assassinat sur l’une de ses rivales, Carole Baskin. Cette dernière n’est d’ailleurs pas une sainte puisque son refuge pour grands fauves ressemble étrangement aux zoos qu’elle dénonce, sans parler des soupçons d’assassinat de son mari aujourd’hui disparu. Dans cette galerie de personnages loufoques, on retrouve également les employés du zoo de Joe Exotic, une belle brochette de marginaux à qui il manque souvent quelques membres, ses deux maris édentés (oui, on peut aimer les shootguns et les poils), mais aussi le mentor de Joe, un certain Doc Antle. On tient là aussi un champion, car ce directeur de zoo au look façon Steven Seagal, revendeur de félins à ses heures perdues, aime travailler avec de jolies dresseuses de tigre, de préférence plutôt jeunes et paumées. Vous l’aurez compris, Au Royaume des Fauves nous plonge dans l’Amérique profonde, celle des flingues, des pickups, de la country et donc des grands félins. On découvre (et non sans peine pour les amateurs d’animaux) qu’il y a plus de fauves captifs aux États-Unis qu’à l’état sauvage. On comprend également comment Donald Trump peut devenir président d’une nation que l’on a trop tendance à limiter au glamour de Los Angeles à la très européenne New-York. Un peu à la façon de l’émission Strip-tease, la grande force de ce documentaire constitue en l’absence de voix off prompte à juger ou commenter les faits. L’histoire et les personnages sont tellement délirants qu’il n’y a nul besoin d’en rajouter. Si Tiger King était une fiction, personne n’y croirait !
CRYSTAL LE GUELLEC