La RKO, ou Radio Keith Orpheum, fut l’un des grands studios des années 30 aux côtés des autres « majors » qui formaient le « Big 5 » : Paramount, MGM, Warner, Fox, mais elle est le seul a avoir coulé, à la fin des années 50. Elle a toutefois eu le temps de marquer l’Histoire du Cinéma, en produisant des grands classiques américains : King Kong, Top Hat, Citizen Kane et en prenant sous contrats quelques grandes stars de l’âge d’or hollywoodien : Katharine Hepburn, Fred Astaire-Ginger Rogers, Orson Welles… L’auteur de Naissance d’un Titan, Richard B. Jewell, a l’excellente et finalement originale idée de choisir comme angle le point de vue du studio lui-même, en tant qu’entreprise de divertissement. Ainsi, et il s’en excuse auprès du lecteur dans son introduction, il va juger les films produits par la RKO, non pas en terme de qualité, mais en terme de rendement, de retour sur investissement, tout en s’intéressant à la valse incessante des chefs de production et directeurs qui explique en grande partie l’instabilité du studio par rapport à ses Big 4 collègues. Cette approche peut paraître frustrante, voire terre-à-terre, mais c’est tout à fait le contraire : tout à déjà été dit sur les années 30 à Hollywood, mais décortiquer le fonctionnement interne d’un studio est plus original et permet au lecteur de mieux comprendre, d’une part, comment l’on produisait des films à cette époque, et d’une autre, de comprendre la carrière des stars, parfois coupée en plein élan, comme Orson Welles… Le Cinéma est un art ET une entreprise qui engrange des milliards et c’était déjà le cas il y a 90 ans. Ne pas l’oublier permet de mieux appréhender son histoire, et comprendre la situation actuelle.
ALEXIS THEBAUDEAU
RKO Radio Pictures : Naissance d’un Titan de Richard B. Jewell, édité par Lobster Films, 18€, disponible