En 2000, Matz et Luc Jacamon lancent la bande-dessinée Le Tueur. Loin des clichés sur les assassins rémunérés, leur protagoniste n’a ni code d’honneur, ni traumatisme passé. C’est un homme d’apparence banale qui a érigé le nihilisme et la froideur au rang de style de vie. Le 10 novembre, David Fincher nous présente l’adaptation des aventures de ce triste sire. L’occasion de revenir sur l’œuvre d’un cinéaste qui a déjà bien exploré l’art d’occire son prochain.
1995 : Un finish fichtrement Fincher
Épuisé par le tournage de son premier film, Alien 3 (1993), Fincher pense renoncer au cinéma. Heureusement, il se ravise et nous livre l’une de ses œuvres majeures. Seven plonge dans les recoins les plus tortueux de l’âme humaine. Dans une Babylone moderne où la crasse et le vice règnent, un tueur anonyme applique sa vision tordue de la justice biblique. Rythme et ambiance haletante, un final qui laisse abasourdi… Si le terme « culte » est souvent galvaudé, ce n’est pas le cas quand on parle de Seven !
2007 : David et Zodiac
Marchant sur les pas de Jack l’Éventreur, le tueur du Zodiaque a semé la terreur en Californie dans les années 60-70. Son identité reste encore incertaine. Loin de la frénésie de Seven, Zodiac se focalise sur une enquête réelle étalée sur plusieurs années. Ici l’intérêt est le mystère qui entoure les meurtres et les symboles cryptiques qui y sont rattachés. Fincher s’entoure d’un solide trio d’acteurs : Jake Gyllenhaal, Mark Ruffalo et Robert Downey Jr qui entame alors son retour en grâce à Hollywood. 10 ans plus tard, Fincher réitèrera l’exercice en se plongeant dans la psyché de célèbres serial killers américains avec l’excellente (et inachevée) série Mindhunter sur Netflix.
2011 : David glaçant, papier glacé
Phénomène littéraire, la trilogie Millénium de Stieg Larson est un succès mondial. Son atmosphère glaçante attire l’attention de Fincher. L’œuvre a déjà été adaptée en 2009, mais cette nouvelle mouture, associée au nom de Fincher et de son duo d’acteurs glamours, Daniel « 007 » Craig et Rooney Mara, apporte au projet une dimension internationale. Malgré le savoir-faire du maître pour le macabre et des personnages attachants, Sony jugera les revenus du film trop minces pour lui donner une suite. Dommage, car cette adaptation frôlait le sans-faute !
2014 : La vérité tient à un Finch
Avec Gone Girl, Fincher explore une face trouble de la bourgeoisie américaine, celle de l’hypocrisie. Ben Affleck et Rosamund Pyke y interprètent un couple au bord de la rupture. Quand la femme disparaît, les médias pointent rapidement du doigt son époux et un jeu de dupes pervers se met en place. Cette satire jubilatoire conspue une Amérique où public et privé se mêlent dangereusement (on pense à l’affaire Lewinsky ou au procès Depp-Heard) et vaudra à Pyke une nomination aux oscars méritée pour son rôle d’épouse vénéneuse.
AXEL KRIEF
The Killer de David Fincher, sortie le 10 novembre sur Netflix