Reflet de son époque, Soldier Blue est un western détourné en road movie typique du Nouvel Hollywood naissant. Dans le sillage de la guerre de Vietnam et du mouvement des droits civiques, le cinéma américain revisite son histoire et les codes du western mais en mettant l’accent sur ses heures les plus sombres et notamment l’extermination des Amérindiens. Ici il s’agit du périple à travers le Grand Ouest d’une blanche (Candice Bergen), élevée par des Indiens et femme libre au langage châtiée. Elle est escortée par un naïf soldat, fervent défenseur de la destinée manifeste de son pays mais qui va vite prendre conscience de la réalité de cette mission divine. Le film est traité avec un ton volontiers grivois et léger mais qui jure avec des scènes de violence radicales et notamment lors du massacre final (celui de Sand Creek). Si le film tient difficilement la comparaison avec le chef d’oeuvre sorti la même année, Little Big Horn, qui abordait cette même histoire des vaincus, il n’en reste pas moins une belle curiosité cinématographique.
NICOLAS BAUDRILLER
L’Absurde Séance au Katorza (Nantes – 44)