« Je mets les pieds où je veux Little John, et c’est souvent dans la gueule ». Cette mise en garde proférée par Chuck Norris dans Portés Disparus 3 (1988) résume bien le cas John Wick. Cet orfèvre de la baffe profitait de sa retraite en 2014 quand un malfrat mal avisé s’en est pris à son chien. Deux films et quelques centaines de morts plus tard, il revient. De sa genèse à ses disciples, tour d’horizon de la John Wicksploitation.
Before John
John Wick puise sa source dans un concept vieux comme le monde, celui du gars qu’on n’aurait pas dû provoquer. La référence en la matière est la saga Un justicier dans la ville (1974) où Charles Bronson, ancien pacifiste, prend les armes pour se venger des agresseurs de sa famille. Outre le sous-texte un brin problématique (éloge de la vengeance personnelle), ces films évoquent la part d’ombre insoupçonnée résidant en chaque individu. Un souci qui ne concerne pas M. Wick, puisque cette part de lui-même, il ne la connaît que trop bien.
Waiting for John
John Wick aurait-il pu exister sans la saga Taken ? Si elle n’invente rien, cette trilogie initiée en 2008 a tout de même remis au goût du jour la figure du vigilante se faisant justice lui-même. Il lui manque toutefois quelque chose pour rester dans les mémoires. Trop rocambolesque pour être crédible, trop premier degré pour être drôle, la franchise peine à se trouver une identité et ne reste qu’un divertissement honnête. Cela étant dit, le message est passé. Il ne FAUT PAS embêter la fille de Liam Neeson. Jamais.
Junior John
« Les bons artistes copient, les grands artistes pillent », cette citation de Picasso est un mantra à Hollywood. Le succès de John Wick a ainsi généré des tentatives de clonages : Tyler Rake avec Chris Hemsworth, Atomic Blonde avec Charlize Theron… En 2021, Nobody avec Bob Odenkirk (Better Call Saul) reprend l’idée du Monsieur Tout-le- monde se révélant être une machine à tuer. Dans Bullet Train (2022) avec Brad Pitt on recycle le concept d’une société du crime internationale avec son lot de personnages bigarrés. Du premier on ne retiendra qu’un caméo du grand Christopher Lloyd, du second, un hypothétique tremplin pour Aaron Taylor-Johnson vers la saga James Bond. On lui souhaite, cela donnera une raison de se souvenir du film…
Trop fort John
La saga John Wick est au cinéma d’action ce que le jambon-beurre est à la gastronomie, une recette simple, dont le succès ne dépend que de la qualité de ses produits et de l’amour qu’on met dans sa préparation. Prenez une violence chorégraphiée avec la maestria d’un ballet russe, un univers suffisamment fantasque pour susciter l’amusement tout en étant menaçant, ajoutez un acteur principal investi à 100% dans son rôle et vous n’obtiendrez rien de moins qu’un festin de roi. On ne sait pas pour vous, mais nous on a très hâte de passer à table !
AXEL KRIEF
John Wick : Chapitre 4, sortie le 24 mars 2023