Ils ne sont pas légion, les films méconnus avec Jack Nicholson en vedette, tant l’acteur aux trois Oscars choisit avec minutie ses rôles et les réalisateurs avec qui il travaille depuis presque déjà 50 ans (mis à part quelques rares ratages). Il est d’autant plus étonnant que Police Frontière dans lequel il campe un bon flic pris dans la tourmente de la corruption à la frontière américano-mexicaine, soit si peu mentionné en France qu’il est bourré de qualité. Co-écrit par les co-scénaristes de La Horde Sauvage et de Voyage au Bout de l’Enfer auxquels il emprunte l’état d’esprit ultra critique sur les USA, ainsi que la possibilité de l’héroïsme malgré tout, Police Frontière est l’une des rares incursions du réalisateur britannique Tony Richardson au pays de l’Oncle Sam. Tête de fil du “Free Cinema” ou “Nouvelle Vague Britannique” et patriarche de la dynastie d’acteurs et d’actrices Richardson-Redgrave, il s’inspire ici plus du style du Nouvel Hollywood et de ses désenchantements, personnifié d’ailleurs par Nicholson, qu’à ses débuts en Angleterre. Parfois un peu simplement manichéen, Police Frontière nous présente le parcours d’un flic parfaitement lambda (le grand Jack, dans l’un de ses rares rôles « normaux »), brave gars dépassé par les événements et qui va décider de faire, pour une fois, une chose bien et désintéressée dans sa vie. Ce qui n’est pas sans rappeler Taxi Driver auquel Police Frontière emprunte d’ailleurs Harvey Keitel dans un rôle finalement un peu comparable. Tendu comme il faut avec le toujours électrisant Nicholson, Police Frontière mérite largement de figurer dans la liste des films chaudement recommandables de son impressionnant interprète.
ALEXIS THEBAUDEAU
Police Frontière, édité par Rimini Editions en DVD (14,90 €) et BluRay (19,90 €).