Non seulement Alice Guy est la première femme réalisatrice de l’Histoire du cinéma, mais son œuvre la place parmi les plus grandes précurseuses.
Ayant assisté à la première projection privée du Cinématographe des Frères Lumière, c’est-à-dire quelques jours avant la toute première séance officielle de l’Histoire à la fin de l’année 1895, elle devient vite directrice de production et metteuse en scène phare de la toute récente Gaumont. Elle sera l’une des premières à expérimenter sur le film sonore, la couleur et réalise en 1906 une somptueuse Vie du Christ, premier péplum de l’Histoire, presque dix ans avant la création d’Hollywood.
Alice Guy semble pourtant un peu oubliée, et le pire, c’est qu’elle le sera de son vivant. Elle arrive dans la profession à une époque (relativement) ouverte à l’emploi de femmes à des postes importants, du moins dans l’industrie du cinéma. Mais elle sera ensuite la victime d’un machisme ordinaire et ravageur, lorsque les premiers historiens du cinéma arriveront, sur le tard, à partir des années 30-40. Ces derniers se diront que, non, décidément, ça ne doit pas être une femme qui fut à l’origine de ces films incroyables… L’absence cruelle de documents de cette époque permit hélas à cette mascarade de perdurer et, depuis, un long travail de passionnés reconnaissants permet enfin une revalorisation de la vie et l’œuvre d’Alice. Et c’est exactement ce que fait le documentaire Be Natural, qui emprunte son titre à la consigne d’Alice Guy à ses acteurs. Réalisé en 2018 par l’américaine Pamela B. Green, ce film passionnant relate la quête par sa réalisatrice de nouveaux éléments d’enquête pour remettre Alice Guy à la place qu’elle mérite. De plus, il bénéficie de la narration, en VO de Jodie Foster qui, décidément, n’écorche aucun nom français. Remarquable en tout point.
ALEXIS THEBAUDEAU
Be Natural, l’Histoire Cachée d’Alice Guy, de Pamela B. Green édité par Elephant Films dans la collection Les Sœurs Lumière, sorti le 22 juin, 16,99 €