Une histoire que les moins de 20 ans se doivent tous de connaître ! 12 juillet 1998, 22h45, le timer indique trois minutes de jeu supplémentaire et le compteur du stade voit l’équipe de France mener chez elle 2-0 face au Brésil du phénomène Ronaldo et du capitaine Dunga.
Si d’ordinaire, le foot « c’est 11 contre 11 », la France est à 10 après avoir perdu Desailly, exclu 25 minutes plus tôt pour avoir tenté jambe tendue, à pleine balle, le fameux combo « crampons – genou » sur les cannes de Cafu. Sur le banc, Aimé Jacquet retient son sourire en coin, de peur qu’une catastrophe se produise avant le coup de sifflet de Said Belqola. Youri Djorkaeff lui, ne fait plus dans la demi-mesure et s’improvise coach adjoint le temps de quelques secondes, ordonnant aux joueurs, sur un flot d’insultes on ne peut plus amicales, de se replacer. Et puis à deux mètres, les larmes incessantes de David Trezeguet qui nous avait jusque là habitués au sourire d’un gamin de 20 ans jouant à Fifa sur Nintendo 64 avec son compère du même âge, Thierry Henry. Pour autant, ces ultimes minutes ne laissent aucune place au suspense. Psychologiquement, les Brésiliens n’y sont plus depuis longtemps !
La suite vous la connaissez, mais il faut respecter le football, donc on reste dans sa zone technique et on attend. On attend. On attend. On attend qu’Emmanuel Petit galope en contre sur l’aile gauche, devance Cafu et croise. 3-0. Coup de sifflet final dans la foulée.
Sur le terrain, ça pleure dans tous les sens. Christophe Dugarry, tête dans le maillot, partage ses larmes avec celles de Zidane, son pote de toujours et héros du soir. Bernard Lama et Lionel Charbonnier peinent quant à eux à relever Barthez, genoux à terre : « Un champion c’est debout, Fabien, allez debout ! » En tribune présidentielle, Platoche serre les poings et Chirac tente de nous faire comprendre qu’il a enfin appris le nom des joueurs en les désignant du doigt. Juste à côté, la tribune presse réalise ce qu’il vient de se passer et Thierry Roland, en paix, peut « mourir tranquille ». S’en suivra une euphorie des plus fortes que le pays ait connue, un Arc de Triomphe bleu, blanc et rouge, des voitures à l’arrêt sur les Champs avec comme seuls sons, les applaudissements couvrant celui des klaxons.
C’était il y a 20 ans. On reste en place, dans deux ans, on fête les 20 ans de l’Euro contre l’Italie.
BASTIEN MORICET