Est-ce sa fin tragique et mystérieuse en 1975 ou la réputation sulfureuse de son ultime film (Salò ou les 120 Journées de Sodome) qui donnent au réalisateur et écrivain Pier Paolo Pasolini une aura somme toute un peu solennelle ? Le fait est qu’on en viendrait presque à oublier à quel point son cinéma est finalement si fun ! Preuves à l’appui, sa Trilogie de la Vie, tournée entre 1971 et 1974 : Le Décaméron, Les Contes de Canterbury et Les 1001 Nuits qui exsudent l’amour et l’humour, le sexe et la violence, donc la vie, tout simplement !
Réalisés dans une sorte d’urgence avec essentiellement des acteurs et actrices non-professionnels, une équipe réduite et des décors très naturels, cette trilogie thématique adapte trois monuments de la littérature mondiale qui ont en commun d’être des collections de récits souvent malicieux et érotiques. Pasolini fait siennes ces histoires, y insufflant son propre sens de l’humour et une certaine vision de la vie, où le vil et le sublime cohabitent, où la perle peut se trouver dans la fange. Cette unité de ton et d’image complète l’emploi d’un casting quasiment identique à chaque épisode, ainsi que la participation des illustres Ennio Morricone à la musique et Dante Ferreti aux décors.
D’une liberté comme on en fait plus, les opus de la Trilogie de la Vie sont aujourd’hui encore une bouffée d’air frais (viciée, ça dépend des scènes) qu’il est urgent de redécouvrir, surtout dans la superbe restauration définitive proposée par les éditions Carlotta dans leur coffret.
Enfin, pour ceux qui ne l’avaient pas encore décelée, la vision de ces trois films fait sauter aux yeux leur évidente hérédité dans les deux films « historiques » des Monty Python : Sacré Graal et La Vie de Brian sortis dans la foulée. Même effet de naturalisme dû à la présence perpétuelle de boue et autres saletés à l’écran et à l’utilisation de véritables décors anciens, mais aussi même éloge de l’humain et, pourquoi pas, d’un humour pas si différent.
La Trilogie de la Vie de Pier Paolo Pasolini, en coffret édité par Carlotta Films en BluRay (50 €) et DVD (40 €).