Après l’exposition sur son 1er opus, aux Utopiales 2019, la publication du second tome sur trois de la bande-dessinée Le Dernier Atlas nous pousse d’emblée à ce constat : mise à part dans quelques films de Jacques Demy, la ville de Nantes est largement et cruellement absente des œuvres de fiction d’envergure. Même le plus nantais des auteurs classiques, Jules Verne, a soigneusement situé aucun de ses Voyages Extraordinaires dans la Cité des Ducs. Est-ce que Nantes n’a rien à raconter à part la fabrication du Petit Beurre ou le secret du berlingot ?
Et pourtant, à la lecture du Dernier Atlas, la question, elle est vite répondue : il est évident que Nantes est un terreau pour la fiction, voire la science-fiction. Et il aura fallut pour cela tout l’imagination et, disons-le, la clairvoyance du scénariste Fabien Vehlmann, déjà un grand nom dans la BD franco-belge (Green Manor, Seuls, Spirou…) et nantais d’élection.
Dans cette passionnante uchronie (comprenez un monde où notre passé se serait déroulé différemment), on découvre que les chantiers navals nantais ont en fait servi à construire des robots géants, mi-machines de guerre, mi-engins de chantier et qui, avant de tomber en désuétude, ont été utilisé en Algérie française, jusqu’à la guerre d’indépendance.
L’idée, pour l’auteur, est de rendre hommage au genre du « robot géant », mais en l’ancrant dans un territoire plus local et surtout plus réaliste. Ainsi, l’intérieur des « Atlas », puisque c’est leur nom, ressemble plus à celui d’un sous-marin nucléaire qu’à Goldorak. Alors, bien sûr, un nantais sera ravi du choix de notre ville comme l’un des théâtres des opérations de cette BD, mais cet ancrage local ne prime pas pour autant sur la pertinence des choix socio-historiques qui mènent la narration.
Bref, pas besoin d’être nantais pour profiter de ce travail franchement conséquent et réalisé à 10 mains : deux scénaristes, Velhmann et De Bonneval, deux dessinateurs/graphistes, Tanquerelle et Blanchard et une coloriste, Laurence Croix.
Chacun des trois volumes s’étalera sur plus de 200 pages et, pour son créateur, c’était là une volonté de permettre une sorte de « binge-reading », à l’instar de notre consommation actuelle de séries télé, à savoir un temps assez long passé à la lecture de ce roman graphique, qui permet vraiment au lecteur de plonger dans son ambiance. N’hésitez pas alors, à vous lancer dans cette aventure !
ALEXIS THEBAUDEAU
Le Dernier Atlas, tome 2, publié par Dupuis, disponible, 24,95 euros.
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