La légende veut que Walt Disnley refusa de travailler avec Orson Welles au motif qu’« il n’y a pas de place pour deux génies dans un même bureau ». L’anecdote a sans doute inspiré Stephen King et Stanley Kubrick pour Shining (1980).
Les deux hommes sont alors au sommet de leur Art et Kubrick souhaite oublier l’échec commercial de Barry Lyndon (1975) en adaptant un livre du célèbre romancier. Publié en 1977, The Shining narre les déboires de la famille Torrance, captive d’un hôtel hanté. Mais les ténors peinent à s’entendre, notamment sur le personnage principal. Kubrick veut un film d’horreur pur jus avec des spectres pervers et un Jack Nicholson plus inquiétant que jamais. King s’est inspiré de sa propre histoire pour créer cet écrivain raté et souhaite donc un métrage plus psychologique. Il n’obtiendra pas gain de cause.
Alors, quel génie avait raison ? Les deux, mon capitaine ! Shining est une œuvre culte qui fourmille de trouvailles aussi jouissives qu’effrayantes. Cela tient à son sens esthétique si particulier, qui insuffle aux lieux une atmosphère étrange, avec ses motifs géométriques, son labyrinthe végétal, ses couloirs infinis… et ce sentiment de vide qui s’en dégage. Le casting est exceptionnel, l’ambiance anxiogène à souhait et Kubrick transforme l’hôtel en un personnage à part entière. Vexé, Stephen King refusera d’apparaitre au générique.
En résumé, un bon film ne fait pas une bonne adaptation et inversement. Beau joueur, Kubrick accordera à son ancien associé de livrer sa propre version téléfilm en 1997 à la condition que celui-ci cesse de critiquer publiquement son œuvre. Le résultat sera assez médiocre… Chacun son métier ?
AXEL KRIEF
La version de Stephen King…