Une énième adaptation de Dracula ? En a-t-on vraiment envie ? Du Nosferatu de Murnau (1922) au très dispensable Dracula Untold (2014) en passant par les interprétations de Bela Lugosi, Christopher Lee et Gary Oldman dans le chef d’œuvre de Francis Ford Coppola (1992), il devient difficile de donner du sang frais au vampire le plus célèbre du monde. Alors quand on apprend que cette adaptation nous est offerte par Steven Moffat et Mark Gatiss, le duo qui a ressuscité Doctor Who et puis l’incontournable Sherlock en 2010, notre curiosité est piquée. Les deux britanniques avaient réussi à moderniser avec brio le célèbre détective, notamment grâce au jeu inspiré de Benedict Cumberbatch et à un format innovant de trois épisodes de 90 minutes par saison aujourd’hui adopté pour Dracula. Le résultat escompté ne sera pourtant pas aussi réjouissant … Tout partait si bien : Le magnétisme des deux acteurs principaux (Claes Bang et Dolly Wells), l’ambiance gothique à souhait, la violence mesurée, la réécriture astucieuse de certains personnages, tout en respectant l’esprit de l’œuvre initiale… Les bonnes idées se succèdent, comme l’insertion de personnages féminins sans concession qui tranchent avec l’aura de prédateur sexuel du sinistre comte. Tout semblait promettre un succès retentissant à ce nouveau Dracula. Mais en bout de course, nos deux scénaristes opèrent un virage brutal à 180 degrés. Mauvais pari. Avec un format plus étiré et une transition maîtrisée, le final de la série pourrait faire mouche. Ici, le changement d’ambiance et de sujet est si abrupt que l’on en perd instantanément tout intérêt. Comme si des extraterrestres cannibales venaient semer le chaos dans le dernier tiers de Coup de foudre à Notting Hill…
AXEL KRIEF
La série Dracula est diffusée sur le réseau Netflix