Pépite méconnue dans la filmographie d’Alain Delon, Le Professeur est pourtant l’évocation la plus radicale du rôle « delonien » qui devient ici un spectre, un mort-vivant. Réalisé par l’injustement oublié cinéaste italien Valero Zurlini (Le désert des Tartares), La prima notte di quiete dans son titre original nous narre les errances d’un prof de littérature remplaçant dans une ville balnéaire italienne en plein hiver. Semblable à un privé, toujours flanqué d’un ignoble trench-coat beige, complètement ravagé par la mélancolie, Delon fait ici du Delon : poseur insupportable, il aimante la caméra comme personne. À son magnétisme répond celui de Sonia Petrovna, une jeune lycéenne taciturne pour laquelle Delon s’entiche mais qui est sous la coupe de bourgeois italiens décadents et interlopes. Charcuté par le producteur Delon à sa sortie en 72 par souci commercial, il ressort aujourd’hui en salle dans sa version longue et restaurée, celle de Zurlini qui signe ici un somptueux poème nihiliste et maudit.
NICOLAS BAUDRILLER
Le Cinématographe (Nantes – 44), aussi les 5, 9, 13 et 21/02.
Horaires détaillés des séances