Un cri du cœur, du Caire, de son âme échaudée lors d’un Printemps arabe sanglant en 2011. La cité égyptienne millénaire connaît ses pires heures cette année-là, entre révolutions d’une part populaires, démocratiques et de l’autre extrémistes, fondamentalistes. Abdullah Miniawy, poète égyptien, forge ses premières idées en Arabie Saoudite où il passe son enfance avant de retourner au Caire à 17 ans, en pleine révolution. Ses textes et poèmes, écrits et publiés sur les réseaux sociaux pendant les affrontements et la chute de Moubarak, saisissent la situation, cisèlent l’opinion. En 2013, l’artiste est contraint de quitter sa capitale avec l’arrivée au pouvoir des fréristes, censurant l’expression artistique. Aujourd’hui, Abdullah Miniawy scande ses récits engagés aux côtés du métisseur musical Erik Truffaz, trompettiste renommé dont les accents rappellent ceux de Miles Davis. Peter Corser au saxo et Karsten Hochapfel à la guitare et violoncelle complètent ce quartet à la profondeur poignante, tenace et parfois psychédélique.
EMMA RODOT
Le Grand T (Nantes – 44)