Du sexe, de la violence, un stock conséquent d’intrigues, des méchants très méchants, des gentils très gentils, une communauté de fans survoltée… On pourrait parler longuement de ce qui fait le succès de Game of Thrones. Mais penchons-nous plutôt sur ses rapports au 7ème Art.
Qu’on le veuille ou non, le cinéma à tendance à se sérialiser. Récemment, la polémique sur les productions Netflix aux Oscars a relancé le débat sur ce qui relevait du film ou non. Le modèle du Marvel Cinematic Universe est un cas d’école. Le film est moins considéré comme une œuvre à part entière, mais bien comme un élément d’une saga. Le scénario est à peine achevé que les suites sont déjà commandées. Le showrunner (« auteur-producteur » d’une série comme on dit au Québec) est désormais seul maître à bord, (Kevin Feige par exemple), fort de sa toute-puissance, il donne le « ton » de l’univers dépeint.À l’inverse, un réalisateur trop fantasque est rapidement évincé.
Mais si le grand écran copie le petit, l’inverse est tout aussi vrai. Jadis, le monde se divisait en deux parties : ceux qui travaillaient pour la T V et ceux qui travaillaient pour le ciné. Certains ont ainsi commencé sur petit écran avant d’évoluer vers d’autres cieux (Pierce Brosnan, Bruce Willis …) mais c’était une route à sens unique. Aujourd’hui, on ne compte plus les acteurs et réalisateurs prestigieux qui désertent les salles obscures pour s’investir dans une série. Martin Scorcese avec Boardwalk Empire et Vinyl ou David Fincher avec House of Cards ou les recents Mindhunter et Love, Death & Robots, pour ne citer qu’eux. Tout comme dans GOT, le mur séparant deux univers s’est effondré. Hollywood est dans nos salons, cela se vérifie tout particulièrement ici. La série bénéficie de moyens financiers et humains pharaoniques : figurants, effets spéciaux, costumes, décors … La démesure est partout. GOT, c’est un blockbuster-popcorn une fois par semaine calé dans le canapé. Et le grand divertissement à l’américaine, c’est un peu comme la bouffe grasse et les ragots, on en dit souvent du mal, mais tout le monde adore ça !
AXEL KRIEF