Il y a bien longtemps, dans une République lointaine, très lointaine (avant Giscard !), la France régnait sans partage sur le cinéma de divertissement. Un siècle plus tard, l’Empire Hollywoodien a la mainmise sur le blockbuster, mais le cinéma français compte capitaliser sur sa force : son patrimoine ! Retour sur plusieurs tentatives de blockbusters en costumes made in France depuis les années 2000.
2001 : de Vidocq à trépas
En 2001, les choses s’annonçaient bien pour Vidocq ! Un personnage historique fascinant, un Gérard Depardieu toujours aimé du public et une promesse technique, celle du premier film tourné en caméra numérique haute définition ! Mais quand l’heure du bilan tombe, c’est une liste à la Prévert : image baveuse, montage épileptique, Depardieu joue peu, Guillaume Canet joue mal, le scénario de Jean- Christophe Grangé, romancier chouchou du cinéma français depuis le carton des Rivières Pourpres un an plus tôt, est bancal… Un beau loupé critique avec seulement 1,8 million de spectateurs pour ses 23 millions de budget.
2001 (bis) : Gans avec les loups
Looks de western spaghetti, kung-Fu, érotisme léger, ambiance ésotérique… Le Pacte des Loups de Christophe Gans est une créature de Frankenstein. Avec un tournage chaotique et un casting quatre étoiles pour l’époque, tout le cinéma français a les yeux rivés sur cette adaptation très (très) libre de la véritable histoire de la Bête du Gévaudan censée remettre le France sur la carte du cinéma populaire mondial. Si le film divise encore aujourd’hui, la catastrophe industrielle est largement évitée avec 70 millions de dollars au box-office mondial pour 32 millions d’euros de budget.
2002 à 2022 : retour aux ch’tites ambitions
Si ce succès aurait dû faire des émules, l’industrie et sa frilosité reviennent aux fondamentaux : l’humour. Si les Astérix bénéficient encore de gigantesques budgets grâce au succès jamais égalé de Chabat en 2002 (128 millions de recettes pour 50 millions d’investissement), le cinéma français mise sur une production stakhanoviste de comédies à moyen coût. Les 245 millions de recettes (12 millions d’euros de budget) de Bienvenue chez les Ch’tis accentuent la tendance. La timide tentative de L’Empereur de Paris, nouvelle interprétation de Vidocq (chat noir du cinéma français) en 2018 n’attirera que 800 000 spectateurs.
2022 : alerte rouge
Post-Covid, le public français fuit les comédies low cost ! Pathé se lance dans une véritable opération de « reconquête » avec deux projets ambitieux. Tout d’abord, Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu de Guillaume Canet et ses 66 millions de budget qui peinent encore à se rembourser. Et puis… Les Trois Mousquetaires. Avec cette énième adaptation (en deux parties) du roman de Dumas, Pathé ne lésine pas : casting de choix, musique à la Hans Zimmer, tournage en décors naturels et 36 millions d’euros par film. Un pari fou dont le succès définira l’orientation du 7e Art hexagonal des années à venir.
AXEL KRIEF ET PIERRE-FRANÇOIS CAILLAUD