Palme d’or à Cannes en 1973 un peu vite oubliée, L’Épouvantail est pourtant un film emblématique des années 70 tout en étant un road movie (sans voiture) atypique. Jerry Schatzberg nous propose de suivre les pérégrinations de deux marginaux que tout oppose : le bourru Gene Hackman businessman en herbe et le clown innocent Al Pacino. Relecture de Steinbeck adapté au désenchantement généralisé des années 70, c’est dans ce cadre que le métrage nous raconte cette histoire d’amitié improbable. Magnifiée par la photographie du légendaire Vilmos Zsigmond capable tout autant de sublimer ces fameux paysages mythologiques que les bars et dîners miteux. Enfin, le film est à voir pour le rôle d’Al Pacino, complètement unique dans une filmographie parsemée de personnages de flics/mafieux torturés, hystériques ou taciturnes. Véritable puits de lumière, il y dévoile un incroyable potentiel comique et une espièglerie contagieuse.
NICOLAS BAUDRILLER