À Tokyo, il faut faire comme les Tokyoïtes ! Riche de son histoire et de ses traditions, le Japon ne se contente jamais du rôle d’imitateur. Quand l’Archipel aborde un sujet, il se l’approprie, et le cinéma n’y fait pas exception.
Si les Nippons s’intéressent au 7e Art dès sa naissance, le film japonais connaîtra une renaissance à la fin de la seconde guerre mondiale avec les « kaijū-eiga » (films de monstres) dont Godzilla d’Ishirō Honda (1954) ou des films plus ambitieux tels que Rashōmon (1951) et Les Sept Samouraïs (1954) du prodige Akira Kurosawa qui rencontrent un succès critique international.
Plus tard, dans les années 90, alors que le savoir-faire des réalisateurs nippons n’est plus à démontrer, se développe le film d’horreur « à la japonaise » souvent désigné sous le nom de « J-Horror ». Ici, exit les bouffonneries macabres de Freddy Krueger et le massacre d’adolescents libidineux unidimensionnels. Si elle ne rechigne pas à recourir au gore, la J-Horror s’appuie avant tout sur l’instauration du malaise et l’irruption de l’étrange, notamment au moyen de créatures spectrales issues du folklore japonais tel que le « onryō » (esprit vengeur).
En avril, Le Cinématographe vous invite à (re)découvrir ce genre à travers trois de ses longs-métrages les plus reconnus. Audition (1999) de Takashi Miike narre la romance trop belle pour être vraie d’un veuf esseulé et d’une troublante jeune femme. Dark Water (2002) d’Hideo Nakata narre la descente aux enfers d’une mère célibataire et de sa fille dans un immeuble aux sombres secrets. Enfin, le cultissime Ring (1998), également de Nakata, nous plonge au cœur d’une légende urbaine portant sur une VHS hantée.
Ces œuvres ont en commun de présenter des personnes à l’existence banale jusqu’à ce qu’une menace indicible ne les plonge dans une spirale paranoïaque dont l’issue tragique semble inéluctable. Il est à noter que, comme d’autres monuments de la J-Horror, Dark Water et Ring auront un retentissement tel qu’ils auront droit à leur remake aux États-Unis. Une sorte de « retour à l’envoyeur » à cet ancien ennemi, devenu source d’inspiration.
AXEL KRIEF
Le Cinématographe (Nantes – 44)
Audition : jeudi 7 (20:30), jeudi 14 (18:15), samedi 16 (18:30) et vendredi 22 avril (21:00)
Dark Water : vendredi 8 (21:00), lundi 18 (14:00), jeudi 21 (21:00) et lundi 25 avril (18:15)
Ring : vendredi 8 (23:30), samedi 16 (21:00), mardi 19 (18:30) et samedi 23 avril (18:45)
3 à 5 euros la séance