Meilleur groupe de rock hexagonal sur scène, J.C. Satàn a prouvé à toute la scène « garage » (s’il faut lui trouver un dénominatif) qu’il ne suffisait pas d’appliquer un effet « reverb » sur sa musique pour être à la hauteur de la concurrence américaine. Paula, la co-chanteuse du groupe (tout à droite sur la photo), nous explique pourquoi et comment J.C. Satàn délaisse l’électricité qui a fait sa renommée le temps de sa « love session ».
Ado, tu rêvais d’être chanteuse ?
Pas du tout ! Je m’en fichais un peu. Arthur (compositeur et co-chanteur du groupe) m’a demandé de chanter, puis on a sorti un disque, commencé à tourner et me voilà !
Tu travailles aussi comme cuisinière, est-ce important de faire autre chose à côté de la musique ?
Oui, d’autant plus que je n’ai jamais voulu être musicienne ! Je bosse dans un restaurant associatif et il peut m’arriver de penser à mon menu lorsque je fais un concert. C’est le métier que je ferai quand tout ça s’arrêtera.
On parle plus souvent de l’énergie live de J.C. Satàn que de la qualité de ses morceaux, ces « love sessions » sont-elles une manière de faire redécouvrir une partie de votre répertoire ?
Nous n’arrivions pas à placer nos chansons plus douces dans nos concerts très énergiques. Là, on rajoute même du violon et de la trompette ! C’est moins facile que d’habitude, la voix est plus en avant, il ne suffit plus de crier, il faut être juste. Mais nous ne recherchons pas la perfection. On est l’opposé de Céline Dion : s’il y a des défauts, ça nous va !
Vous assumez complètement vos références musicales, qu’elles soient pointues ou « grand-public », c’est assez rare dans la musique indépendante…
… Bien sûr ! Je connais plein de trucs populaires que je peux apprécier comme Lana Del Rey ou… Le Bonheur est dans le Pré (rires). Ça ne me paraît pas naturel de ne faire partie que d’une catégorie et de ne jamais en sortir !
La popularité du groupe a-t-elle agacé certains fans de la première heure ?
Ils sont cools avec nous. Certains trouvent juste les concerts trop chers, je suis parfois d’accord. Mais certains se plaignent d’une place à 10 euros pour voir trois groupes sans contester les 7 euros qu’a coûté leur paquet de clopes…
Votre label Born Bad Records est l’un des plus gros labels indépendants de France, cela a-t-il eu des répercussions sur le groupe ?
Grâce à lui, on a eu pas mal de presse et un passage télé sur Canal+, mais le succès d’un concert est toujours aléatoire, ça dépend vraiment des villes. Par exemple, à Nantes, ça marche très bien, mais c’est plus difficile à Bordeaux où l’on a trop joué.
Vous arrive-t-il de vous prendre des bides ?
Oui, dans un festival espagnol, on a joué devant 20 spectateurs dans une boite de nuit
qui pouvait accueillir 3 000 personnes (rires).
Vous avez été programmés au dernier moment sur le festival Motocultor (spécialisé dans le métal), le public a-t-il été réceptif ?
Je suis pas forcément branchée « métal », mais ce genre de festival nous va mieux que certains événements « pop » dans lesquels on se demande si ce qu’on fait est aussi merdique que le reste de la prog’ ou si nous ne sommes que la caution « indé » de l’événement.
T’arrive-t-il de monter sur scène sans en avoir envie ?
Parfois, mais je fais toujours un effort car ce n’est pas le problème du public si j’ai eu une mauvaise journée.
J’ai cru lire que les longues tournées n’étaient pas votre truc, vous avez trouvé des alternatives ?
Oui, on ne tourne pas plus de trois semaines d’affilée ! C’est normal de ne plus se supporter au bout d’un moment. Nous ne sommes pas un gros groupe, on n’a pas de tour bus, on conduit nous même le camion. Maintenant, j’essaye de me relaxer et de ne pas me sentir obligée de m’occuper de tout…
Vous vous voyez faire ça longtemps ?
J’ai peur qu’à un moment, cela devienne un peu ridicule. Nous avons 33 ans de moyenne d’âge, je ne me vois pas faire ça à 50 ans, même si quelques-uns y arrivent sans avoir l’air pathétique.
Vous n’hésitez pas à vous engueuler en live si besoin est, comment abordez-vous la scène ?
Nous ne sommes pas des acteurs, on ne fait pas semblant. Et puis après, on passe à autre chose ! Mais on a un souci avec Arthur, c’est qu’il parle trop ! Il dit parfois des trucs stupides, ou annonce qu’une chanson parle de ci ou de ça alors que c’est faux ! Je le sais, car c’est moi qui écris les paroles (rires) !
Tu es Italienne, un pays qui n’a pas du tout le même rapport à la religion que la France, comment observes-tu les récentes polémiques ?
J’ai beaucoup de mal avec les religions. J’ai vu que Mère Teresa était canonisée, c’est n’importe quoi ! Je la déteste… En réalité, elle était horrible, ne sauvait pas les gens et était en plus contre l’avortement ! Faut pas trop me parler de ça, en fait… Ah oui, et elle a aussi eu
un prix Nobel, # &$§ !!!!*
* une phrase en italien que nous sommes malheureusement incapables de traduire…
Interview réalisée par Pierre-François Caillaud.