Un pied dedans et un pied dehors, Chocolat est l’ovni du garage rock made in Québec depuis presque 10 ans. Après s’être séparé en 2009, le groupe revient en 2015 avec Tsss Tsss puis en 2016 pour Rencontrer Looloo, un album indescriptible, comme si Balavoine écoutait Iron Maiden à côté des musiciensde Led Zep dansant à poil. Rencontre avec Christophe Lamarche-Ledoux, claviériste et saxophoniste de la formation.
Quelle était la raison de votre séparation en 2009 ?
Nous traînions une mauvaise réputation à cause de nos excès en tout genre. Plus personne ne voulait nous programmer, cela a un peu démoralisé tout le monde, mais nous n’étions pas en conflit.
Et les raisons de votre retour ?
L’esprit de groupe nous manquait. Chocolat n’est plus forcément notre 1ère source de revenu, donc on peut tourner comme on le sent, sans se forcer et faire notre musique sans compromis.
Quel métier aurais-tu fait si tu n’avais pas été musicien ?
Informaticien, peut-être. Je me suis formé tout seul il y a longtemps et j’étais plutôt bon. Mais lorsque j’ai compris que je travaillerai dans un bureau, j’ai décidé de donner une chance à la musique avec qui je suis tombé en amour (sic). J’aime cette vie romantique et je suis très à l’aise avec l’absence de sécurité qui en découle. On apprend toujours plus de choses dans l’inconfort !
Vous jouez souvent avec le cliché « sexe, drogue et rock’n’roll », quelle est la part de spectacle et de vérité dans cela ?
C’est très ironique et en même temps, c’est un peu la vérité… Nous avons souvent détourné ces stéréotypes que l’on a commencé à vraiment adapter à notre vie, c’est le degré 1,5 de l’humour, le plus imprévisible ! Durant un moment, cela a été trop loin, mais aujourd’hui on ne casse plus de chambres d’hôtel, même s’il arrive que l’on déborde…
Suis-tu l’élection présidentielle française ? Quel regard portes-tu en tant que Canadien ?
Je ne prends pas le temps de lire tous les articles que mes amis diffusent sur les réseaux sociaux. En ce moment, je suis animé par écouter des idées qui sont à l’opposé des miennes comme celles de Marine Le Pen. Il y a beaucoup à apprendre, notamment l’utilisation d’une rhétorique qui, à force de matraquage, paraît cohérente et que beaucoup utilisent maintenant. Je commence à comprendre cette logique pour faire face à ses arguments.
Tu parlais d’une vie romantique, la vie de musicien est-elle celle qui ressemble le plus à une aventure ?
C’est une illusion ! En réalité, cette vie est parfois routinière. Pour moi, l’aventure, c’est de ne rien posséder, toujours se débrouiller, sortir d’une structure pré établie qui t’accueille dès que tu consommes avec de l’argent. L’aventure, c’est être en marge, ignorer ce que les gens pensent de nous et c’est très complexe.
Interview réalisée par PIERRE-FRANÇOIS CAILLAUD