Le Naufrage de Neptune : tout sur ma mer
©Martin Argyroglo
Au-delà d’être le premier port négrier français du 18e siècle, la Cité des Ducs s’illustre dans le commerce mondial et l’exploration jusqu’aux années 80. Si la devise de la ville rappelle cette histoire (« Nantes favorise ceux qui voyagent »), La Place Royale symbolise aussi cet héritage, mettant en scène la déesse de la mer Amphitrite qui tient le trident de Neptune (aujourd’hui retiré après des vols à répétition). Hugo Schiavi, ancien Parisien émigré à Marseille (on imagine l’ambiance des repas de famille), détourne cette mythologie à l’occasion de l’édition 2021 du VAN. Le sculpteur ajoute la carcasse d’un navire commercial à la fameuse fontaine. L’état du bateau présage d’un passé houleux et renvoie à l’histoire tumultueuse de la ville, englobant le meilleur comme le pire. L’artiste expose aussi un futur instable, avec l’augmentation de catastrophes naturelles, rappelant notre petitesse. Le sculpteur cache l’une des statues éclipsée par l’imposante installation près de la passerelle Schoelcher. Saurez-vous la trouver ?
QUENTIN BELLETOISE
gratuit
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Le Playground Titan : la valse des patins
©Martin Argyroglo
L’année dernière, la place Graslin accueillait une chute d’eau. Cette année ce sera des chutes tout court. Durant tout l’été, l’agence d’architectes nantaise Titan, récemment récompensée du prix européen « 40 under 40 », installe une impressionnante piste de roller derby ouverte à tous. Revenue en force depuis le film Bliss (2009), cette pratique à prédominance féminine consiste en une course de patins assaisonnée de coups de hanches et de bousculades. Rassurez-vous, les châtaignes sont ici en option. Inspirée des travaux de Mathurin Crucy, architecte à l’origine de la place emblématique, l’installation entend redonner une centralité au site en en faisant un espace de rencontres. L’occasion de ressortir vos Pick Skates du placard pour se la jouer Taïg Khris. Attention quand même à la fracture du coude !
QUENTIN BELLETOISE
gratuit
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Noir comme Vénus : l’exo 1000
©Sophie Keraudren Hartenberger
Alors que notre Thomas Pesquet national nous envoie des cartes postales depuis l’ISS, la scientifique Sophie Keraudren- Hartenberger aborde l’espace différemment sur le plancher des vaches. La Nantaise manipule le plomb et la galène pour évoquer le voyage, l’infiniment grand et l’infiniment petit. L’artiste envisage de nouveaux espaces et prismes de couleur à travers Noir comme Vénus, invitant à la découverte de l’Étoile du Berger. L’exposition rapporte des images d’une physique nouvelle aux multiples dimensions géométriques et sensibles, nous ouvrant à un tout nouveau monde encore bien mystérieux.
QUENTIN BELLETOISE
Demi-vie : général électrique
En 10 ans, la consommation mondiale de courant a augmenté de 24%. Aujourd’hui le développement des dernières innovations se base majoritairement sur un fonctionnement électrique. Malgré la mise en avant des énergies renouvelables et leur part grandissante dans l’apport d’électricité, le nucléaire reste un pilier de la production. Fatalement les déchets continuent de s’accumuler malgré leurs gros désavantages en matière de recyclage et de radioactivité (la toxicité de certains résidus persiste pendant 100 000 ans). Demi-vie s’empare de ces problématiques en combinant les talents de l’écrivain Aram Kebabdjian et du plasticien Stéphane Perraud. Découvrez un musée en diptyque exposant notre « civilisation nucléaire » entre site archéologique et encyclopédie. La première salle aborde la question d’un point de vue scientifique, disposant des œuvres ancrées dans le réel passé et présent. La sculpture Massacre du tritium mettant en scène une particule utilisée dans des centrales à fusion, frappe particulièrement par sa pureté et son aura mystique. Le cœur de l’exposition se trouve dans la deuxième pièce constituée de véritables fantasmes et projections d’hypothétiques futurs. On y trouve un dispositif de réalité virtuelle nous immergeant dans différentes époques suivant l’enfouissement de déchets radioactifs durant 100 000 ans. Dans cette exposition, les deux artistes nous proposent une vision tragique du destin de l’atome ouvrant de nouveaux mondes vertigineux aux fondements en totale rupture avec le nôtre.
QUENTIN BELLETOISE
gratuit
Hypnose : répression des Freud
Coupée dans son élan avec l’arrivée d’un virus mutant, Hypnose s’affiche encore cet été et c’est tant mieux ! L’exposition ne se définit pas autour d’un courant artistique, mais d’une thématique couvrant de nombreuses époques. Et c’est justement par son approche historique qu’elle passionne. En suivant la création et le développement de l’hypnose (ou du magnétisme animal à l’origine) à travers le temps, c’est aussi au travers de l’histoire de l’art que l’on déambule. Du baquet à magnétiser du médecin Mesmer (le vrai, pas celui de TF1) au 18e siècle jusqu’aux installations de l’artiste Tony Oursler autour de l’hypnose moderne (via la technologie), on passe par le réalisme de Gustave Courbet, les débuts du cinéma des frères Lumière, les surréalistes (Breton, Desnos etc.) ou encore les photographies de Dalí. Messmer peut aller se rhabiller !
CRYSTAL LE GUELLEC
0 à 8 euros (réservation obligatoire)
Festival Scopitone : Buffalo green
En parallèle des concerts électro, le festival Scopitone centre son exposition annuelle sur notre rapport à la nature. On ne sait pas si les toilettes seront sèches, mais nous aurons droit à 18 installations d’art numérique. Parmi les œuvres marquantes, Anna Ridler s’illustre en utilisant l’intelligence artificielle pour évoquer l’emballement général autour des cryptomonnaies, croisant les données de 10 000 tulipes et les fluctuations du prix du bitcoin. Le projet n’est pas sans évoquer l’emballement des Pays-Bas pour ce genre de fleurs au 18e siècle. Toujours dans le domaine des plantes, Élise Morin, en partenariat avec la NASA, tente de découvrir le secret de la résistance à la radioactivité à travers une plante mutante issue de Tchernobyl. Parallèlement, Guillaume Cousin crée une impressionnante sculpture d’air à partir d’une soufflerie (vous avez dit fou ?), interrogeant notre rapport à la matière. Si Scopitone a bien saisi les enjeux écologiques, espérons qu’il reste à Nantes l’année prochaine et pas dans une ferme autonome du Finistère.
QUENTIN BELLETOISE
Travailler le dimanche : sunday worky sunday
Vous a-t-on déjà puni durant vos jeunes années en vous sommant de recopier une page de dictionnaire ? Une activité peu ludique pratiquée par l’artiste Gilles Barbier tous les dimanches pendant plusieurs années. Promenant le spectateur des lettres A à P du Petit Larousse Illustré de 1966, le plasticien nommé pour le prix Marcel Duchamp en 2005 présente 24 œuvres. Hormis bon nombre de pages de dictionnaire recopiées et illustrées sur de grandes affiches de 220 centimètres de côté, il expose des travaux plus éclectiques. Parmi eux, Smiling Skull, crâne humain qui nous sourit de toutes ses dents, la dénudée Vieille Femme aux Tatouages couverte de marques cosmétiques en tout genre, ou encore Les Pages Roses qui met en scène des animaux empaillés prononçant des locutions latines combinant le mot au mort. Explorant les cheminements de la raison et les chevauchements d’idées, le natif du Vanuatu nous emporte dans son univers littéraire loufoque d’une puissance visuelle impressionnante.
QUENTIN BELLETOISE
gratuit
Ça ne m’intéresse pas la nostalgie d’un monde que j’habite déjà : label époque
Si le titre de cette exposition, tiré du texte Bleuets de la poétesse et critique d’art Maggie Nelson, questionne l’avenir avec révolte et inquiétude, le futur de l’Art semble être entre de bonnes mains. Les cinq artistes exposés, lauréats des arts visuels de la Ville de Nantes en 2019, chacun avec leur médium et leur style, décrivent avec talent un futur fragmenté parfois sombre, souvent abstrait. En plus de ces cinq talents, le commissaire d’exposition Julien Arnaud a enrichi l’exposition avec des œuvres issues du Musée d’Art, du FRAC et de l’École des Beaux-arts.
CRYSTAL LE GUELLEC
gratuit
Fontevraud : le miel et les abbayes
Vaste cité monastique héritée du Moyen Âge, Fontevraud a notamment été dirigée par une longue liste d’abbesses issues de familles nobles (de Bourbon, de Valois, d’Orléans…), accueilli les dernières années d’Alienor d’Aquitaine, été la nécropole royale des Plantagenêts (Richard Coeur de Lion, Henri II…), puis été transformée en prison par Napoléon… Nous sommes donc au coeur de l’histoire de France. En plus de son caractère religieux, historique et architectural, Fontevraud est aujourd’hui une vitrine culturelle avec un parcours d’art accueillant des œuvres d’artistes contemporains et un tout nouveau musée d’art moderne regroupant une partie de la collection de Martine et Léon Cligman (merci Lacoste !). Ni plus ni moins que des pièces de Toulouse-Lautrec, Edgar Degas, Maurice de Vlaminck ou Robert Delaunay.
CRYSTAL LE GUELLEC
3 à 14 euros
Les Folies Siffait : la ruine déneige
Ouvertes avec parcimonie depuis plusieurs années, les Folies Siffait seront accessibles cet été (sur réservation). Ce site inscrit aux monuments historiques constitue le rêve des amateurs d’Urbex. On y trouve un jardin organisé en terrasse sur des ruines artificielles, des successions de tours, d’escaliers, de paliers et de trompe-l’oeils construits au début du 19ème siècle par Maximilien Siffait et son fils botaniste Oswald. Laissé à l’abandon durant des siècles, la végétation y a prospéré. Associé à des points de vue majestueux donnant sur la Loire sauvage, vos photos du Jardin Siffait vous feront passer pour un vrai aventurier sur Instagram !
CRYSTAL LE GUELLEC
Gratuit (réservation obligatoire)
Expression(s) décoloniale(s) #2 : l’Empire contre-attaque
©David Gallard
Nantes persévère à décloisonner son histoire, à travers l’exposition Expression(s) décoloniale(s) #2. Reprenant les traits de la première édition, exposée en 2018, ce nouveau temps fort vise à « décoloniser la pensée » dans la continuité des politiques mémorielles entreprises par la cité. Cette fois, le parcours ponctué par les œuvres contemporaines de l’artiste béninois Romuald Hazoumè s’attache à étudier les perceptions sociales des colonisations et du commerce triangulaire. À travers l’analyse des collections permanentes et temporaires, l’historien Gildas Bi Kakou confère un éclairage sociologique aux héritages mémoriels du premier port français de déportation d’esclaves au 18e siècle. Le chercheur s’empare des sources orales africaines pour décrypter les traces du passé esclavagiste dans l’espace public. Une exposition réflexive à l’heure où les identités et les mémoires s’émancipent.
EMMA RODOT
0 à 8 euros
Soleil Blanc : full mes toiles alchemist
©Adrien Vescovi
Les alchimistes rêvaient autrefois de transformer le plomb en or, Adrien Vescovi transforme du coton assorti de pigments de gouache en un résultat brillant. Le Marseillais travaille à la manière de ces scientifiques élémentaires, jouant avec les décoctions, prenant le temps d’élaborer une gamme de couleur adaptée à son travail, dans une démarche à contre-pied de l’art consumériste. Disposant de grandes toiles en tissu à travers l’espace d’exposition, l’artiste originaire de Savoie invite le format tableau à rejoindre celui du paysage. Formé à partir de divers supports textiles aux histoires éclectiques qu’il coud ensuite ensemble, ses œuvres subissent les affres de la lumière et du temps, elles ne se fixent donc pas dans le temps. Pour le plasticien, ses différents projets s’apparentent à des (grands) livres (5,35×2,8 m), dont on peut tourner les pages, décryptables recto-verso. À défaut de pierre philosophale, vous trouverez au moins un univers déboussolant et contemplatif.
QUENTIN BELLETOISE
Le verre dans tous ses éclats : verre l’infini et au-delà
Les premiers objets artisanaux en verre précèdent la construction de la pyramide de Gizeh d’environ cinq siècles, c’est dire l’ancienneté de la matière ! Le verre dans tous ses éclats retrace l’histoire de ce composé depuis l’âge du fer jusqu’à la chute de l’Empire Romain d’Occident, période durant laquelle sont constatées les premières techniques de verre soufflé. L’exposition présente ici l’archéologie du matériau dans le Grand Ouest durant l’Antiquité. À travers une centaine d’artefacts exposés, on découvre les techniques de fabrication des objets et leurs usages par les habitants de la Gaule Romaine. Outre la galerie, les membres de l’Association Française de l’Archéologie du Verre organisent une démonstration de soufflage à l’antique. Le Chronographe propose aussi divers ateliers, notamment un jeu de piste prenant place sur le site archéologique et les vestiges du port de Ratiatum, ville présente autrefois à la place de Rezé. Pensez-y la prochaine fois que vous commandez une pinte !
QUENTIN BELLETOISE
1,5 à 3 euros
Trésors révélés de Vendée… : riche hour
On pensait déjà connaître les trésors principaux de la Vendée : les mogettes, la brioche, le passage du Gois, la troussepinette et Julie Poirodeau (que j’avais rencontrée sur la plage à Saint- Jean-de-Monts en 1999). Mais il y en a beaucoup d’autres notamment recensés dans cette exposition accueillant 120 oeuvres ou objets symboliques de la richesse du patrimoine vendéen récupérés dans les quatre coins du département ou provenant de musées nationaux. Ce trésor se compose d’œuvres d’art, d’artefacts religieux, de livres et d’outils anciens, de textile ou même d’instruments de musique, le tout tissant un ensemble révélant l’âme de la Vendée.
CRYSTAL LE GUELLEC
0 à 8 euros