Mon voisin Totoro : ma 6-T va craquer
Vous reconnaissez cet inimitable chat énorme ? Enfin cet ours ? Disons plutôt que c’est une grosse bestiole poilue. Mon voisin Totoro transcende inlassablement les générations depuis plus de 30 ans. Ce cultissime conte nippon trace l’histoire de Mei, une jeune fille venant d’emménager avec sa grande sœur et son papa dans une vieille maison, non loin d’un immense arbre intrigant. Comme une sorte de bonbon magique sur la langue, cette création de d’Hayao Miyazaki (Le Voyage de Chihiro, Princesse Mononoké) conserve encore et toujours cette formidable capacité à nourrir l’imaginaire de chacun.
CORENTIN DEVERNOIS
L’Échine du Diable : enfer et contre tous
Après ses deux premières réalisations remarquées (Cronos et Mimic), Guillermo del Toro fait un détour par l’Europe en 2001 pour y réaliser un projet plus personnel situé dans le contexte de la Guerre Civile espagnole. L’histoire est celle de Carlos, orphelin de 12 ans, placé dans un orphelinat dirigé par des républicains espagnols et qui y fera la rencontre du fantôme d’un ancien pensionnaire de l’établissement. Ici, le Mexicain poursuit et affine son style dans le cinéma d’horreur. Proche d’un Tim Burton lorsqu’il interroge les frontières entre monstres et humains mais avec un sens du mélodrame en plus. Porté par une direction artistique qui ne laisse rien au hasard et un très beau casting (Marisa Paredes, Eduardo Noriega), L’Échine du Diable consacre Del Toro comme un cinéaste contemporain majeur.
NICOLAS BAUDRILLER
Chicken Run : coq en stock
Film d’animation du début du siècle, Chicken Run est sorti de l’imaginaire tordu des réalisateurs Nick Park et Peter Lord (Wallace et Gromit, Les Croods). Au travers d’un humour frais et subtil, Ginger, une poule britannique déprimée de pondre à longueur de journée, tente par tous les moyens de s’échapper de sa basse-cour. L’objectif ? Déjouer le terrible sort qui attend ses congénères : l’infâme tourte au poulet (bruitage qui fait peur). De petits personnages en pâte à modeler attachants, qui transmettent une double lecture qui allie à la fois dérision et références cinéphiliques.
CORENTIN DEVERNOIS
Possession : démons et merveilles
Marc (Sam Neill), marié à Anna (Isabelle Adjani), rentre chez lui après un long voyage. Malheureusement, cette dernière semble aliénée et ne souhaite plus vivre au domicile familial, préférant dès lors passer son temps chez son amant. En s’inspirant d’un contexte politique berlinois complexe et d’un adultère presque anecdotique, Zulawski orchestre un véritable voyage aux tréfonds de l’âme humaine. Sous l’aseptisation d’une caméra minérale, l’échec d’un mariage devient cauchemar, glissant entre le désir charnel et la transe d’un couloir de métro vide. L’occasion de (re)découvrir Isabelle Adjani dans sa scène la plus organique et cruelle, au plus profond de l’introspection sentimentale.
HARMONY GUEUR
Robin des Bois : firefox
L’histoire est connue. L’Angleterre de Richard Cœur de Lion est confiée aux mains du Prince Jean et de son sbire Triste Sire. Face à l’autoritarisme de l’intendant, se dressent Robin et ses amis venus contrecarrer les plans de celui qui désire devenir shérif à la place du shérif. Le 21e long-métrage de Disney est le troisième de l’ère post-Mickey, le grand Walt rendant l’âme en 1966. Plébiscité par le public mais longtemps critiqué par les spécialistes du genre pour le manque d’ambition artistique du réalisateur Wolfgang Reitherman (Merlin l’Enchanteur, Le Livre de la Jungle), Robin des Bois a pourtant su traverser les générations permettant non pas au spectateur, mais au citoyen de se retrouver dans ce semblant de révolte populaire qu’incarne l’archer face à la dérive du pouvoir de Nottingham. Notons que le choix des personnages vient s’inscrire directement dans l’imaginaire de l’enfant ; la ruse du renard, la magnificence du lion… Qui sait, un jour peut-être aurons-nous la chance d’y voir Kevin Costner en bottes !
BASTIEN MORICET
À bout de Souffle : I can (‘t) breath !
Michel (Jean Paul Belmondo) est un petit voyou qui roule direction Paris dans une voiture volée. Un contrôle routier l’amène à tirer sur un motard de la Gendarmerie et à se réfugier dans la capitale où il retrouvera Patricia (Jean Serberg), jeune étudiante américaine. Fin des années 50, nombre de critiques français(e)s tournent la page des fameux Cahiers du Cinéma pour s’essayer à la caméra dans l’idée de déconstruire les conventions d’un cinéma français à qui l’on reproche un style trop académique. Parmi eux, Jean-Luc Godart, l’un des principaux esthètes de ce que l’on a vite appelé La Nouvelle Vague, n’a pas hésité à poser sur la table, valeurs (anticonformisme), concepts (jump cut) et sauts d’humeur pour réaliser À Bout de Souffle, son tout premier long-métrage. Si le film n’est peut-être pas le plus abouti de Godart, il sert encore aujourd’hui de point d’ancrage pour bon nombre de réalisateurs d’ici et d’ailleurs, redessinant et redéfinissant les lignes d’un cinéma et des cahiers qui le composent. Où l’inverse.
BASTIEN MORICET
Arizona Junior : adopte-moi si tu peux
H.I est un braqueur de supérettes multipliant les séjours dans une prison de l’Arizona, où il rencontre Ed, policière dont il tombe fou amoureux. Stérile, Ed ne peut avoir l’enfant qu’ils désirent tant après s’être promis d’avoir une vie rangée. Le couple se lance alors dans le rapt d’un nouveau-né issu d’une tribu de quintuplés d’une famille richissime. Fidèles à un cinéma qui n’était pas encore le leur, mais qu’ils s’étaient déjà approprié en 1987, les Frères Coen tentent encore (déjà ?) de raconter l’histoire du cinéma à travers le leur. En réponse à leur premier long métrage hommage au film noir, Sang pour Sang (1984), les frangins prennent ici le contre pied de la fable cartoon où la chemise florale de Nicolas Cage se fond parfaitement au décor de l’Arizona. Aussi absurde qu’il est touchant, le trop méconnu mais folklorique Arizona Junior est une satire haute en couleurs qui nous montre que la bêtise se situe des deux côtés de la balance sociale.
BASTIEN MORICET
The Ghost Writer : crayon gamma
Un nègre littéraire est embauché pour reprendre les mémoires inachevées de l’ex-premier ministre Adam Lang alors accusé de crime de guerre. En élève assidu, Roman Polanski a bien révisé son Hitchcock et rend une très bonne copie, marquée par une esthétique glacée et un suspense haletant. A travers le regard du « citoyen lambda » (Ewan McGregor) il nous invite à observer par le trou de la serrure le quotidien d’un chef d’État (Pierce Brosnan) et de son intrigante épouse (Olivia Williams). Un univers luxueux et verrouillé, rythmé par le ballet des limousines et des gardes du corps, mais qui sous son verni glamour transpire le mensonge et la solitude. De la séduction à l’intimidation, jusqu’au danger de mort, les protagonistes alterneront les masques, tandis que l’involontaire héros anonyme se rapprochera lentement de la vérité. Marqué par une des dernières apparitions de l’acteur Eli Wallach, inoubliable Tuco dans Le Bon, la Brute et le Truand (1966), ce thriller politique anxiogène distille une délicieuse ambiguïté qui perdurera jusqu’au plan final.
AXEL KRIEF
Josep
Février 1939. Submergé par le flot de Républicains fuyant la dictature franquiste, le gouvernement français les parque dans des camps. Deux hommes séparés par les barbelés vont se lier d’amitié. L’un est gendarme, l’autre est dessinateur. Évoquant à la fois l’épisode de la “Retirada”, la fuite massive des républicains suite à la victoire de Franco, et le sort de Josep Bartolí, Aurel nous plonge en deux mondes, le dessin de presse et l’animation. Entre pudeur illustrant la dureté de détention dans un camp de réfugiés et explosion de couleurs au détour d’une rencontre avec Frida Kahlo, le dessinateur-réalisateur esquisse les traits d’une vie entière, servant le récit d’une technicité poétique et cinglante de vérité.
HARMONY GUEUR
Les Siffleurs : là-haut sur la colline
Flic corrompu de Bucarest, Cristi sent l’étau se resserrer quand ses supérieurs le placent sous écoute. Ses complices mafieux lui confient alors une étrange mission : apprendre une langue basée sur les sifflements. Avec Les Siffleurs, Corneliu Porumboiu réussi un petit exploit. En effet, il nous livre un film noir dans la droite lignée du Cercle Rouge (1970) de Melville, avec ses multiples personnages aux motivations troubles et une intrigue qui se révèle progressivement au spectateur. Cependant, si le film n’est pas avare de citations explicites, comme le Psychose (1960) d’Hitchcock, il n’en demeure pas moins original dans son sujet et son traitement. Avec sobriété, Vlad Ivanov et Catrinel Marlon sont profondément humains dans leur rôle d’âmes fatiguées à la recherche d’une issue de secours. Tout ici tourne autour du langage : un roumain laconique, des mafieux espagnols, une mystérieuse langue des îles Canaries, et une autre plus obscure encore, celle du cœur.
AXEL KRIEF
Black Book : le Hollandais violent
En 2006, Paul Verhoeven faisait son retour au pays avec Black Book, grand film sur l’occupation et la résistance néerlandaise. Des thématiques chères qui avaient déjà fait connaître le réalisateur à l’international.
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