Tim Burton revient avec Beetlejuice Beetlejuice, suite des aventures d’un spectre roublard et repoussant qu’il avait initiées en 1988 et qui reste indissociables de son univers. L’occasion rêvée pour revenir sur le parcours de l’étrange M. Burton.
Tim orée
Enfant fluet et solitaire, Burton grandit dans cette banlieue middle class américaine qu’il a souvent mis en scène et compense sa timidité par une imagination foisonnante. Très vite intéressé par le cinéma, il est embauché en 1979 par Disney et travaillera sur Rox et Rouky. Sans surprise, ce rêveur candide se sent déphasé dans la firme aux grandes oreilles. Disney lui donnera pourtant sa chance en finançant son court-métrage autobiographique, Vincent. Six minutes d’ambiance morbide et de références à Edgar Allan-Poe, avec en toile de fond la voix venimeuse de Vincent Price, le style Burton est né.
Verbe à Tim
Le cinéma de Burton ne ressemble à aucun autre. Parmi ses inspirations, on citera en pagaille une fascination pour le macabre et le gothique (Sleepy Hollow, Les Noces Funèbres …), des références à l’expressionnisme allemand (ses deux Batman) ou au cinéma bis (Mars Attacks!), une grande affection pour les freaks désaxés (Ed Wood) et une défiance des braves gens, qui sont bien souvent chez lui les véritables monstres (Edward aux Mains d’Argent). L’asymétrie et la saturation des couleurs font également partie de ses signatures fétiches.
Tim America
Avec des partis pris aussi tranchés, on ne peut pas s’attendre à une accueil en demi-teinte du public, et c’est l’adhésion massive qui va primer. De la fin des années 80 au milieu des années 2000, Burton et sa garde rapprochée (Johnny Depp et le compositeur Danny Elfman) deviennent les nouveaux golden boys d’Hollywood. Tandis que la critique loue sa créativité, les studios constatent avec délice sa grande rentabilité. Ses relectures de La Planète des Singes, Charlie et la Chocolaterie ou d’Alice au pays des merveilles sont notamment des cartons au box-office.
Ennemi un Tim
À Hollywood, la seule chose qu’on aime davantage qu’une success story, c’est la chute qui arrive juste après. Depuis les années 2010, on observe un désamour presque unanime pour ses dernières œuvres. On l’accuse volontiers de verser dans l’auto-citation (Dark Shadows, Frankenweenie…) ou de se perdre dans des projets mercantiles (Miss Peregrine et les Enfants Particuliers, Dumbo).Alors forcément, lorsqu’on pense à ce retour aux sources que semble être Beetlejuice Beetlejuice, dans un univers qu’il maîtrise, entouré de ses vieux complices, on se prend à rêver d’un Burton des grands jours qui viendrait faire taire les sceptiques.
AXEL KRIEF
Beetlejuice Beetlejuice, en salle depuis le mercredi 11 septembre